The Voice-Kids : une défaite qui doit faire réagir les outre-mer
Déception, indignation, colère. Tels sont les sentiments qu’éprouvent les Saint-Martinois après la défaite de Tamillia en finale de The Voice-Kids. Pour Saint-Martin, Tamillia était la meilleure. «Elle méritait de gagner», peut-on lire des dizaines de fois sur les réseaux sociaux. Cette défaite laisse un goût amer. Elle l’est d’autant plus que Saint-Martin n’a pas pu la soutenir puisque les votes étaient limités au public métropolitain. Même si les quelques centaines de SMS locaux n’auraient peut-être pas changé la donne (en métropole, ce sont des millions de SMS qui sont envoyés), c’était une question de principe. Pourquoi restreindre un vote à un périmètre géographique.
TF1 explique que cette limite est nécessaire car le monde entier ne peut voter. La chaîne indique ainsi que même si un Belge participe à un jeu, elle n’ouvre pas pour autant les votes à la Belgique. Certes. Mais la Belgique est un pays, un autre pays que la France. Alors que Saint-Martin fait partie de la France. La discrimination est réelle. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle se manifeste. Il en est de même pour tous les autres jeux de téléréalité. Il en est aussi de même pour les bons de réduction que l’on peut – pourrait- découper sur les produits en supermarché. Tous les règlements précisent : «France métropolitaine». Pourquoi ?
La question ne devrait même pas se poser. Quand on parle de France, cela devrait inclure l’ensemble de ses territoires dont les ultramarins. La Française des Jeux adapte par exemple ses jeux aux outre-mer ; dès qu’un nouveau jeu sort, des décrets sont publiés au Journal officiel stipulant leur disponibilité en en outre-mer, un marché extrêmement lucratif pour elle.
Paris considère que nous sommes Français, que nous faisons tous partie de la République française mais il faut tout de même lui rappeler que les outre-mer existent. L’inverse vaut également. On ne se sent pas «français» mais on veut que la France nous considère comme tel.
La semaine dernière a pourtant offert une opportunité en or pour dénoncer cette injustice : à l’Assemblée nationale se tenait le débat sur le fameux projet de loi de l’égalité réelle entre la métropole et l’outre-mer. À ce débat ont participé le député de Saint-Martin, Victorin Lurel (à l’origine du projet de loi) et autres parlementaires ultramarins. Certes, les discussions et les interventions sont préparées et programmées à l’avance, certes il était trop tard pour modifier le règlement de l'émission, mais peut-être aurait-on pu demander à l’un des députés d’intervenir pour exposer la situation. Du moins la faire (aussi) connaître à Paris.