27.01.2017

« Redonner sa place au carnaval dans le calendrier des événements culturels »

Le carnaval 2017 aura lieu du 4 février au 1er mars. L’organisation d’un tel événement n’est pas de tout repos et le comité a dû faire face à plusieurs difficultés.

Si le carnaval est un événement culturel incontournable de Saint-Martin, il n’a pas encore l’ampleur de celui de Sint Maarten, et encore moins ceux des autres îles comme la Guadeloupe ou la Martinique. Après quelques années d’absence, le comité des festivités carnavalesques de Saint-Martin se reforme en 2011 par des membres de l’ancien comité, dont le président Jean-Philippe Richardson qui effectue cette année son dernier mandat. Viennent s’ajouter de nouvelles têtes, à l’instar de Luciana Raspail, secrétaire générale depuis 2013. Bien que ponctuel, le carnaval doit s’organiser tout au long de l’année ce qui représente une charge de travail imposante et chronophage pour les quelques membres du comité (huit au bureau et moins de vingt au total), tous bénévoles.

REMOTIVER LES HABITANTS

Ils doivent par ailleurs faire face à plusieurs difficultés, notamment financières. « Nous avons du mal à trouver des sponsors » confie Luciana Raspail. Il leur faut aussi composer avec la faible participation de la population. Les organisateurs peinent à recruter des bénévoles et à trouver des troupes. Une perte d’intérêt probablement due à l’interruption temporaire du carnaval. « Aujourd’hui notre comité doit remotiver les gens ». Pourtant, comme le rappelle la jeune femme, « s’il n’y a pas de parade, il n’y a pas de carnaval ». Il n’est pas normal selon elle d’avoir moins de dix troupes, compte tenu du nombre d’habitants.

Exceptées trois troupes, celles qui se présentent souvent manquent de structure. Le comité les incite à se constituer en associations, afin de pouvoir assurer un fonctionnement administratif tout au long de l’année et garantir une participation annuelle.  « Le carnaval ne se prépare pas quand le comité annonce les dates » rappelle-t-elle. La structuration et l’anticipation ont l’avantage de permettre aux troupes de s’inscrire au carnaval de la partie hollandaise qui a lieu plus tard, mais également à ceux d’Anguilla, de St Barthélemy, d’Aruba etc. En plus de promouvoir la partie française, c’est un moyen pour elles de rentabiliser les costumes confectionnés pour le carnaval de Saint-Martin.

LE PLUS ANCIEN CARNAVAL DE L'ÎLE

Les costumes représentent en effet un budget non négligeable. D’autant plus qu’ici, contrairement à d’autres îles où les participants les fabriquent eux-mêmes pendant l’année, les troupes ont tendance à les faire réaliser par des couturiers professionnels. Le prix dépend du costume et du tissu, mais surtout du nombre de plumes : « il faut compter entre 7 et 10€ la plume » avance la secrétaire générale. Les plumes proviennent généralement des Etats-Unis et de Trinidad et Tobago. 

Au-delà de ces difficultés matérielles, les membres du comité regrettent que l’événement perde sa valeur réelle, et misent surtout sur l’aspect culturel. Luciana Raspail a lu dans 1963, l’œuvre de l’historienne locale Daniella Jeffry, que le carnaval de Saint-Martin a débuté en 1963, soit quelques années avant celui de Sint Maarten. C’est donc le plus ancien de l’île et la première édition s’est déroulée à Quartier d’Orléans.

Elle aimerait qu’il y ait plus de participants que de spectateurs. Elle invite la population à faire des propositions au comité pour que le carnaval redevienne l’événement de l’année auquel tout le monde participe, comme c’est le cas dans le reste des Antilles. « Nous travaillons pour lui redonner sa place dans le calendrier des événements culturels ».

 

Photo prise mardi 24 janvier : le village du carnaval prend forme. 

Fanny Fontan