Réseaux d'eau : pourquoi Gebe ne peut pas fournir de l'eau à Saur
En mai 2014, les autorités des deux parties de l’île s’étaient retrouvées en grande pompe au niveau de la frontière à Oyster Pond pour inaugurer la connexion des deux réseaux d’eau potable. Une vanne avait été installée pour être ouverte «en cas de crise majeure» lorsque l’un des deux côtés avait besoin d’eau. A l’époque, la partie française d’Oyster Pond souffrait de manques d’eau de manière très fréquente suite à des casses sur le réseau, pouvoir bénéficier d’une alimentation par Gebe était ainsi une solution.
Cinq ans plus tard, la partie française connaît une crise sanitaire et son eau n’est pas potable en raison de quantités de bromates supérieures au taux réglementaire ; l’un des taux les plus élevés étant justement à Oyster Pond. Pourquoi alors cette vanne – si elle est toujours en état – ne serait-elle pas ouverte ?
Si en 2014, les autorités se réjouissaient de cette solution, aujourd’hui le discours est plus nuancé. En effet, interrogé sur l’utilisation de cette vanne, le président de la COM a expliqué qu’il n’était pas possible de demander à Gebe d’alimenter Oyster Pond car il n’a pas la garantie que l’eau de la partie hollandaise soit conforme aux normes sanitaires imposées en France. Or, comme le veut la loi, elle doit l’être. «Nous devons la contrôler», précise la directrice de l’agence régionale de santé (ARS) de Guadeloupe. Et pour cela Sint Maarten doit donner son accord puisqu’il s’agit d’un pays étranger. Ce qui nécessite certaines démarches administratives.
Selon la même logique, l'ARS ne garantit pas la qualité de l'eau minérale vendue en partie hollandaise non fabriquée en France. "L'ARS contrôle l'eau au niveau de l'embouteillage", précise-t-elle.
Toutefois, l’ARS n’est pas convaincue que le recours au réseau voisin soit une solution dans la situation actuelle. «Même si l’eau de Gebe est conforme à la sortie d’usine, rien ne prouve qu’elle le serait aussi dans les canalisations», a souligné la directrice. Pour rappel, en partie française la pollution aux bromates se forme dans les canalisations et non pas lors de la production, et elle semble augmenter avec le temps de transport.
La vanne ne permet donc qu’à la partie française d’alimenter la partie hollandaise en cas de besoin. Une autre interconnexion de réseau existe à Bellevue et déjà, à l’époque, la Générale des Eaux avait vendu de l’eau à Gebe.
(photo d'illustration)