Comprendre l'extension du port de Galisbay en cinq questions
Depuis plus d’une décennie, on parle du projet d’extension du port de commerce de Galisbay. D’études en études, d’ambitions en ambitions, le projet a fait couler beaucoup d’encre et nourri beaucoup de débats. Aujourd’hui, le projet et ses impacts sur l’économie et l’environnement du territoire vont être présentés à la population. A partir de demain et ce jusqu’au 12 avril, Saint-Martinois vont pouvoir être informés des détails du projet et donner leur avis. Comprendre l’intérêt du projet en cinq questions. Les réponses sont issues d’un document officiel rédigé par l’établissement portuaire.
Dans quel contexte s’inscrit le projet d’extension ?
- A l’échelle de l’île
Le port de Galisbay se trouve dans un environnement économique fortement influencé par le port de Philipsburg. Celui-ci dispose aujourd’hui d’une capacité d’accueil supérieure à celui de Galisbay avec un tirant d’eau annoncé à 9,5 mètres contre 5,5 mètres à Galisbay et 490 mètres linéaires de quai contre 280 pour le port de Galisbay. Galisbay perd ainsi une part significative de son trafic domestique au profit du port de Philipsburg qui traite environ 75% du trafic de l’île, et par conséquent des revenus.
Cette configuration génère en outre des taxes aux marchandises importées par la partie française puisque les conteneurs passant par le port hollandais paient une taxe dédiée à l’entretien du réseau routier hollandais. On estime que les conteneurs passant par Philipsburg à destination de la partie française génèrent environ 2 millions d’euros de taxe par an.
- A l’échelle de la Caraïbe
Le port de Galisbay n’est pas en mesure aujourd’hui de bénéficier de la hausse de l’activité de transbordement dans la Caraïbe. En raison de l'augmentation de la taille moyenne des navires, ces derniers ne peuvent plus aller directement dans les petits ports et les conteneurs doivent ainsi passer sur un plus petit navire qui, lui, peut accéder aux petits ports. Certains ports, dont la configuration naturelle et la localisation le permet, ont développé leur capacité d'accueil pour réceptionner et traiter ces trafics de transbordement comme la Guadeloupe et la Martinique. Ils disposent d'une capacité d'accueil de navires plus de 200 mètres mais le port de Galisbay ne peut pas se positionner car il ne peut accueillir des navires que d’une longueur maximum de 150 mètres.
Enfin, le projet vise aussi à positionner la partie française de l’île sur le marché de la moyenne croisière en visant l’l’accueil des petits paquebots haut de gamme grâce à un quai polyvalent dédié, pouvant également servir au trafic marchandises en l’absence de croisière.
Quels sont les travaux nécessaires ?
Le projet consiste à réaliser plusieurs opérations d’extension : draguer un chenal (9 mètres) permettant l’accès de navires de plus fort tonnage (tirant d’eau 8,1m, soit des porte-conteneurs de 2000 EVP ou des paquebots de 200m) ; étendre la digue de 80 mètres linéaires pour protéger le plan d’eau et allonger le quai existant de 75 mètres linéaires pour en faire un quai polyvalent de 175 mètres linéaires ; créer des terre-pleins supplémentaires de stockage (10 hectares) en utilisant les matériaux extraits du dragage du chenal ; réaliser un nouveau quai de 200 mètres linéaires de long et un poste ro-ro de 120 mètres linéaires.
Le terre-plein ainsi créé sera constitué d’une aire de stockage des conteneurs et autres équipements débarqués depuis les navires de commerce et de bâtiments techniques nécessaires à l’exploitation du port.
La gouvernance du port sera-t-elle modifiée ?
Oui, l’établissement portuaire souhaite inclure un opérateur. Compte tenu de la capacité financière limitée du port, il a été décidé de se tourner vers un investisseur et exploitant privé (concessionnaire) qui interviendrait dans le cadre d’une convention de terminal prévue par le code des transports.
Le concessionnaire portera l’ensemble des travaux dont une partie pour le compte de l’établissement portuaire, au titre d’une part de ses obligations en tant qu’autorité portuaire (accès au port, protection des ouvrages) et, d’autre part, pour ses besoins propres (rallongement du quai principal pour accueillir la moyenne croisière basée). Il recevra en contrepartie des ouvrages créés une participation financière du port.
Il s’agira d’un contrat d’occupation domaniale. L’opérateur sera retenue à l’issue d’une procédure de mise en concurrence ouverte.
Selon l’établissement portuaire les avantages sont multiples (pallier les insuffisances de financements publics en faisant appel à des fonds privés ; associer au développement du port un opérateur maritime d’envergure, garant de la bonne exploitation et du développement de l’activité portuaire).
Quel est le montant estimé du projet d’extension ?
Le montant d’investissement total estimé de 132 millions d’euros. L’établissement portuaire financera les travaux de dragage du chenal, le prolongement digue, quai polyvalent croisière/commerce pour un montant de 64 millions. Il sollicitera des fonds européens et étatiques.
Le futur opérateur, lui, devra financer les quai conteneur et Roro, l’extension du terre-plein (59 millions) et les superstructures (bâtiment administratif et gros équipements) pour un montant estimé à 9 millions d’euros.
Quel est le calendrier aujourd’hui prévu ?
Après la concertation préalable du public, l’établissement portuaire devra préparer la procédure de concession et la lancer mi 2025. L’opérateur devrait être sélectionné en fin d’année prochaine. Les travaux d’extension pourraient débuter mi-2026 et s’achever mi-2028. Cela suppose alors une mise en service des nouveaux équipements fin 2028.