Découverte d’un village amérindien à Grand Case datant de 1000 ans
Lorsque des Grand Casiens ont déposé un permis de construire en Collectivité, leur demande a été transmise à un service particulier en Guadeloupe car leur parcelle figurait sur la carte archéologique de Saint-Martin. Autrement dit, leur terrain est susceptible de révéler des vestiges et des fouilles doivent être prescrites avant que le chantier de construction ne commence. C’est ainsi qu’une équipe d’archéologues et anthropologues travaillent actuellement sur ce terrain à Grand Case à dévoiler les restes d’un village amérindien datant de l’an 1000 après Jésus-Christ.
La découverte de ce site n’est toutefois pas une surprise car il y a deux ans, déjà, des vestiges de ce même village avaient été trouvés lors d’une autre construction de maison. Les archéologues estiment à un hectare l’emprise du village. «Nous sommes ici en bord de mer, au pied d’un morne et à proximité de la lagune, c’est l’emplacement idéal pour les Amérindiens», confie Nathalie Sellier-Segard, responsable scientifique à l’Inrap (institut national de recherches archéologiques préventives).
Le chantier actuel de fouilles correspond à l’un des dépotoirs. En effet, un village amérindien est constitué d’un espace réservé à l’habitat avec des carbets et tout autour des dépotoirs. C’est pourquoi l’on peut voir notamment plein de coquillages. Les lambis mis à nu sont très gros et en très bon état, malgré leur âge, soit mille ans. «Nous avons des méthodes et des outils qui nous permettent de dater les objets que nous trouvons», poursuit Nathalie qui les détaillera au public lors de la journée porte ouverte qui aura lieu samedi.
Elle expliquera également comment les Amérindiens utilisaient les lambis. «Aujourd’hui, on coupe le lambi dans sa partie haute [à droite sur la photo] alors que les Amérindiens faisaient un trou pour retirer la bête [à gauche sur la photo] », décrit Nathalie avant de se saisir d’une herminette, autre outil conçu à partir de la coquille d’un lambi.
Parmi les lambis et céramiques, des os d’humains ont été découverts à trois endroits. Deux sont protégés par une bâche avant d’être étudiés. Sur le troisième travaille un anthropologue. Muni d’un pinceau, il déblaye délicatement le sable autour des os. Il est déjà aisé d’apercevoir une partie de la cage thoracique et des jambes. «Il n’y a pas le bassin donc on ne pourra savoir si c’est un homme ou une femme», précise l’expert qui a néanmoins pu noter que le corps était couché sur le ventre, une position inhabituelle chez les Amérindiens. Pour l’instant, aucune explication n’a encore été apportée.
Ce chantier de fouilles doit durer jusqu’au 7 novembre. Ensuite tous les objets qui auront été trouvés, seront analysés par les archéologues. Leur étude permettra d’alimenter et d’approfondir les études déjà conduites sur ce peuple.
Journée porte ouverte Samedi 8 octobre de 9h à 12h et de 14h à 17h. Le chantier se situe en face du club de plongée Octopus à Grand Case. L’entrée est gratuite.