Le Manteau ouvre une friperie solidaire
Acheter vêtements, matériel de puériculture, meubles ou vaisselle à tout petits prix est désormais possible à Saint-Martin. S’inspirant entre autres du modèle d’Emmaüs, le Manteau a ouvert depuis un mois une friperie solidaire destinée non seulement à ses 465 usagers mais également au grand public.
« Le premier objectif de ce projet, était de mettre en place des ateliers de réinsertion » avance la directrice Audrey Gil. Ce sont les usagers qui trient, recousent ou réparent les vêtements, meubles et objets donnés par la population. (Une partie est directement donnée aux personnes les plus défavorisées, le Manteau tenant à rester dans ses missions). « Ce sont eux qui ont fabriqué toute la boutique. Certains ont travaillé tous les jours avant l’ouverture. Maintenant ils participent à trois ou quatre ateliers par semaine. » déclare la directrice avant d’expliquer que l’association essaie d’imposer des créneaux horaires fixes « pour qu’ils réapprennent à se repérer dans le temps ». « Ils » ce sont les usagers, pour la plupart SDF. Ils ont tous des notions de bricolage, et sont encadrés par l’agent technique du Manteau dont c’est le domaine de prédilection et les travailleurs sociaux.
Une dame hébergée par le centre est formée à la vente dans la boutique, et épaulée par deux animateurs. Les élèves de la seconde Vente du lycée professionnel vont venir partager leurs connaissances quant à la mise en rayon et les techniques de vente les jours d’ouverture. Ils donneront un coup de main pour le tri et le rangement le lundi après-midi. Cette étape constitue une grosse partie du travail. Le Manteau est d’ailleurs à la recherche de bénévoles pour aider au tri du linge.
En misant sur l’insertion et le recyclage, la friperie solidaire s’inscrit à la fois dans l’économie circulaire et l'économie sociale et solidaire. Inaugurée le 16 février en présence du sous-préfet de Guadeloupe, la Friperie du Manteau est d’ailleurs l’une des trois associations de Saint-Martin à avoir été sélectionnée en réponse à un appel à projet d’Economie sociale et solidaire du ministère de l’Outre Mer. Après avoir signé une convention le 14 novembre, le Manteau a obtenu une subvention de l'Etat qui a servi à aménager la boutique et à acheter un camion pour transporter les meubles.
En plus de procurer une activité aux usagers, et de pratiquer des prix très attractifs (de 0,50€ à 10€ suivant l'article), cette boutique permet à ceux qui ont un petit d’argent de retrouver un sentiment de dignité. Cela leur donne ainsi l’occasion de participer, à leur échelle, aux frais de l’association qui offre par ailleurs des repas, douches, et services de laverie. « Ils étaient très impatients qu’on ouvre et sont super fiers de pouvoir s’acheter une paire de chaussures par exemple » note Audrey Gil.
Pour l’heure, la boutique est ouverte le mercredi de 9 h à midi et le vendredi de 14h à 17h et marche surtout au bouche à oreille. « Si cela fonctionne, on pourra ouvrir tous les jours et créer un emploi » espère la directrice.