Tourisme : interventions de Guillaume Arnell et Jeanne Vanterpool au Sénat
Suite «au constat d’un déficit global de connaissances de nos économies ultramarines, nous avons mis en place un cycle de trois conférences», explique en préambule de l’événement, Michel Magras, le président de la délégation outre-mer au Sénat. Ainsi une première conférence a eu lieu en juin 2015 et était consacrée aux collectivités du Pacifique. La semaine dernière, ce sont celles de l’Atlantique qui étaient mises à l’honneur ; la troisième conférence portera sur les collectivités de l’océan Indien. «Cette logique de bassin» géographique a été souhaitée afin de bien faire prendre conscience que les politiques menées en outre-mer doivent permettre aux territoires de s’intégrer dans leur environnement régional. Jeudi dernier, la conférence avait pour thème les «défis et opportunités pour les collectivités françaises des Amériques».
Saint-Martin était représentée par Guillaume Arnell et Jeanne Vanterpool qui ont axé leur discours sur le tourisme. Il s’agissait en effet de la première thématique abordée lors de la table ronde consacrée aux «secteurs structurants traditionnels et dynamique en marche». Guillaume Arnell a été invité par le président de la fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) à rectifier le tir en matière de communication. «Il paraît que Saint-Martin est le territoire d’outre-mer le moins connu…», a lancé Jean-Pierre Philibert à l’élu local qui a alors saisi l’occasion pour dresser un portrait de l’île dans le domaine touristique. Il a exposé la stratégie politique et «le positionnement multiproduit» de la partie française ainsi que la volonté de vouloir toucher «une clientèle haut de gamme, un segment moins exploité que la partie hollandaise». Avant d’admettre qu’il fallait «orienter le tourisme avec des activités de niche».
Jeanne Vanterpool, présidente de l’office de tourisme, a ensuite pris la parole. Elle a listé les forces et les faiblesses de Saint-Martin à l’assistance après avoir donné un petit historique. «Le tourisme a été très florissant jusqu’à la fin des années 1980, avec une affluence de touristes américains à fort pouvoir d’achat depuis les années 1960. Les premières lois de défiscalisation à la fin des années 80 ont rapidement changé le visage de Saint-Martin. La construction de masse en défiscalisation est allée de pair avec l’appel de main d’œuvre étrangère et une explosion démographique sans précédent. Nous sommes passés de 8000 habitants en 1982 à 36 000 aujourd’hui. Ce changement brutal a fait fuir les grandes fortunes et le passage dévastateur du cyclone Luis en 1995 a mis un point final à la période faste où le dollar coulait à flots», a-t-elle rappelée. Jeanne Vanterpool a en outre expliqué que la COM était compétente en matière de tourisme. Et qu’à ce titre, elle avait pu réaliser le classement des hôtels et des guest houses. La présidente de l’office de tourisme a ensuite cité quelques-uns des handicaps de Saint-Martin, comme «les surcoûts techniques». «Par exemple les tarifs aériens avec l’Europe sont bien plus élevés à Saint-Martin qu’en Martinique et Guadeloupe », a-t-elle fait remarquer. «Toute la difficulté pour notre collectivité consiste à libérer les contraintes pesant sur notre économie de manière à attirer les investisseurs susceptibles de créer de nouvelles structures d’accueil et de développer le tourisme. Le manque de chambre est un obstacle, d’autant qu’avec près de 5 000 chômeurs, la création d’emploi demeure plus que jamais l’objectif-clé de notre développement économique», a développé Jeanne Vanterpool avant de terminer son intervention par les atouts de l’île, comme «la french touch, les hôtels de luxe, les restaurants gastronomiques, des plages aménagées et un environnement unique et protégé».