Comment la SNC-Lavalin était arrivée à Saint-Martin ?
Le groupe canadien SNC-Lavalin a confirmé son intention de céder l’ensemble de ses activités en France, parmi lesquelles la gestion d’aéroports régionaux, dont celui de Saint-Martin. Il a également confirmé avoir reçu une offre proposée par le partenariat Impact Holding et Ciclad. Le 22 août dernier, le groupe a débuté «un processus de consultation avec les Comités d’entreprise en vue d’une cession potentielle des activités en France .
Le groupe entend «considérer la pertinence de cette offre puisqu’elle s’inscrit dans le cadre d’un effort d’alignement de [ses] activités à la stratégie mondiale d’entreprise», nous a précisé le service de communication.
Cette cession concerne Saint-Martin dans la mesure où la Sesma, la société d’exploitation Saint-Martin Aéroport, est une filiale de la branche France du groupe. Autrement dit, si SNC Lavalin vend sa filiale française, la Sesma doit en faire partie.
Historique
L’aéroport a été créé en 1972 à Grand Case. Il a été géré par le Département de la Guadeloupe jusqu’en 2006. Saint-Martin devenue alors collectivité, a souhaité le donner en concession. Ce projet de délégation de service public (DSP) a été validé et publié. Quatre candidats avaient été admis à présenter une offre, mais seuls deux en ont finalement déposé une. Des négociations ont été entamées entre la COM et les deux candidats entre octobre 2010 et janvier 2011. Et c’est finalement la SNC Lavalin qui a été retenue le 3 mars 2011. La COM et le groupe canadien ont signé une convention de DPS le 4 avril 2011 ; la durée de la convention est de vingt-cinq ans.
Objectif
Selon ses orientations économiques, la COM souhaite « un projet de développement de l’aéroport intégrant une fidélisation de la clientèle régionale ainsi qu’une ouverture sur l’aviation d’affaires et sur l’international». Ne pouvant financièrement réaliser les aménagements nécessaires, elle a opté pour la délégation de service public. La SNC Lavalin devait donc investir avec ses propres moyens dans les infrastructures permettant d’atteindre ces objectifs. Parmi les chantiers à mener : l’allongement de la piste, l’agrandissement de l’aire commerciale, la construction d’installation de fret et d’une tour de contrôle, l’extension de parkings d’avions et la construction d’hangars pour les avions d’affaires, la construction d’une nouvelle aérogare et d’une aire pour les hélicoptères.
Réalisations
La Sesma a réussi mener divers chantiers, comme la construction d’une caserne de pompiers, d’une station service, d’une tour de contrôle. Elle a également lancé la rénovation de l’aérogare. Elle a aussi rencontré plusieurs obstacles, notamment en 2012 lorsque le Conseil territorial avait augmenté le montant de la taxe passagers. À cette époque, des compagnies – Air Antilles en tête - avaient menacé de ne plus atterrir à Grand Case car cette taxe contribuait à augmenter les charges. Après plusieurs négociations, la tension était redescendue et la situation était rentrée dans l’ordre. Mais tel n’est toujours pas le cas de la mise à disposition de la fameuse parcelle par la COM à la Sesma devant permettre l’extension de la piste, donc le développement du trafic grâce à l’accueil d’avions plus gros. Si les travaux d’agrandissement incomabient à la SNC Lavalin, c'est à la COM que revenait l'acquisition du terrain pour ensuite la mettre gratuitement à disposition de la SNC. Les négociations ont duré de nombreuses années.
Selon nos sources, les deux parties sont tombées d’accord sur un montant mais le propriétaire est dans l’attente d’une information que la COM ne peut pas encore donner. En effet, cette information doit être confirmée par la direction de l’aviation civile, laquelle tarde à la valider auprès de la COM. La non réalisation de l’extension de la piste (et donc de la hausse du chiffre d’affaires) n’est toutefois pas la raison pour laquelle le groupe canadien a choisi de partir de Saint-Martin.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réflexion beaucoup plus large. «Les activités françaises de SNC, qui emploient 1100 personnes, « ne répondent plus totalement à la stratégie d'affaires du groupe », a déclaré le groupe. Néanmoins, aucune précision n'a pour l'instant été communiquée quant au devenir de l'aéroport de Grand Case.