Saint-Martin, un hub technique dans le nautisme
Pourquoi avoir inscrit le mot diesel dans le nom de votre entreprise ?
Nous sommes spécialisés en mécanique inbord diesel. Les gros bateaux marchent au gasoil. Aux Etats-Unis, beaucoup d’enseignes comportent le mot «diesel». Ca parle donc aux Américains qui ont de gros bateaux.
Combien avez-vous de salariés ?
Neuf, en plus de moi. On embauche aussi des saisonniers, en fonction de la charge de travail. Ils sont recrutés soit par candidature spontanée, soit via le site de la Fédération des industries nautiques.
Formez-vous des apprentis ?
Il n’existe pas de contrat d’apprentissage dans le milieu de la mécanique à Saint-Martin. On prend des stagiaires du lycée professionnel des îles du nord qui doivent effectuer deux stages d’un mois, par an. Ils viennent aussi parfois de métropole. On en a un en ce moment qui vient de Bordeaux, dont les parents habitent ici.
Quelles sont les compétences requises pour travailler chez vous ?
Il faut au minimum un Bac pro en maintenance nautique.
Rencontrez-vous des difficultés de recrutement ?
L’an dernier nous avions deux postes de mécaniciens qualifiés ouverts. J’ai déposé une annonce au Pôle emploi. En quatre mois on n’a eu qu’une seule candidature. Du coup on a dû faire venir quelqu’un de métropole.
Parce qu’il n’y a pas assez de formations sur place ?
Ce n’est pas faute de formation puisqu’il y a quand même quinze élèves qui sortent chaque année avec un Bac pro. Le problème, c’est le manque de motivation des jeunes de l’île. Un phénomène que l’on a beaucoup vu augmenter en dix ans.
Comment qualifieriez-vous votre activité économique ces dernières années ?
Elle est en pleine expansion. On augmente notre chiffre d’affaire de 20% tous les ans. C’est peut-être dû au fait que l’on embauche de plus en plus. Et puis on a récupéré de gros clients que l’on était trop jeunes pour avoir au début.
Vous détenez la carte Caterpillar. A quoi sert-elle ?
La marque Caterpillar est utilisée sur beaucoup de bateaux, notamment sur la plupart des yachts que l’on peut voir côté hollandais. 75% des bateaux de plus de 20 mètres ont des moteurs et des générateurs électriques Caterpillar. De manière générale, les cartes Volvo et Caterpillar ramènent beaucoup de monde. L’an dernier le yacht de Steve Jobs s’est arrêté à Saint-Martin juste pour cette habilitation Caterpillar. Beaucoup de yachts se déplacent jusqu’ici pour l’escale technique. Ils viennent faire l’approvisionnement en nourriture, charger les passagers et équipages arrivés en jet à l’aéroport de Juliana. Ils font aussi le plein de gasoil comme ils en consomment beaucoup et qu’ici il est hors taxe. Quand les millionnaires sont à bord ils ne restent pas longtemps et préfèrent repartir vers les îles plus VIP (Saint-Barthélemy, les Bahamas ou les îles vierges). Saint-Martin s'apparente à un hub technique.
Observez-vous une grande différence d’activité entre la haute et la basse saison ?
Il n’y a pas vraiment de différence dans le volume de mes activités. C’est plutôt leur nature qui va changer. En haute saison je travaille énormément avec les yachts et les bateaux de plaisance. Hors saison, j’ai toujours les plaisanciers, mais on intervient surtout auprès des navigations commerciales tels que les remorqueurs et les ferrys, dont le Voyager.
Des projets ?
Pour l’instant nous sommes encore locataires et nos locaux sont un peu précaires. On aimerait bien évoluer et investir côté français, mais on ne trouve aucun terrain constructible. La COM nous a proposé une AOT mais c’est inadapté à nos besoins. C’est comme si vous forciez un garage à se mettre dans une boutique qui vend des fleurs. On est une SARL on n’a pas envie d’aller côté hollandais. Mais on sera peut-être obligé dans quelques années si on ne nous apporte aucune solution.