Comment la COM a nourri sa réflexion de reprendre la compagnie Air Antilles
Jeudi 21 septembre le tribunal de commerce de Guadeloupe doit examiner les offres de reprise de la société Caire ou compagnie aérienne Air Antilles, parmi lesquelles celle de la Collectivité de Saint-Martin. Comment la COM a-t-elle pris cette décision ? Eléments de réponses à partir des informations apportées par maître Laurent Cotret aux membres du conseil territorial réuni en séance plénière mercredi 20 septembre.
Le 2 août dernier, la société Caire a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce, son activité a été maintenue pendant deux mois afin de permettre à des repreneurs de déposer une offre.
«La réflexion a été brève car personne ne s’attendait à l’ouverture d’une procédure collective début août», confie maître Cotret qui précise qu’il y avait eu une procédure à l’amiable confidentielle.
Le comité interministériel de restructuration industriel (Ciri) qui dépend de la direction générale du Trésor et qui accompagne les entreprises en difficulté, a contacté les collectivités territoriales des Antilles françaises, dont la COM de Saint-Martin. Celle-ci a rapidement réagi et aussitôt entamé une réflexion pour apprécier les enjeux d’une éventuelle reprise.
La première étape a été de «s’adjoindre un partenaire» compétent dans le domaine et l’a trouvé en la société Edeis, groupe spécialisé dans l’aérien au niveau national et qui exploite l’aéroport de Grand Case. Il s’agit d’un «groupe puissant, d’un partenaire extrêmement solide», assure Laurent Cotret. Ce premier partenariat n’empêche pas la COM d’en nouer d’autres par la suite.
Ensuite, la Collectivité de Saint-Martin a dû examiner les actifs de Caire pour pouvoir élaborer son offre. A noter qu’en cas de reprise, la COM ne récupère que les actifs (pas les dettes). Les actifs sont-ils viables ? En moins d’un mois, la COM et ses conseils ont dû décrypté les documents qui leur ont été fournis. «Un certain nombre de problèmes» ont été relevés, notamment au niveau de la flotte : les avions ont besoin d’être révisés, des interventions sont à programmer et «cela représente un coût qui a été pris en compte» par la COM, de l’ordre de 2 millions d’euros. Quatre avions seraient exploités, trois ATR et un Twin.Autre élément étudié : les charges de personnel. La COM a estimé pouvoir conserver pour la partie Antilles 120 emplois équivalents temps plein sur les 213, en sachant qu’une autre structure s’est positionnée pour reprendre la partie Guyane.
La réflexion a aussi porté sur la continuité de l’exploitation et la pérennité de l’activité. Si la COM est retenue pour reprendre Caire, les quatre avions ne pourront pas voler pour autant. En effet, l’entité Caire n’existera plus et celle que la COM aura créée ne sera pas autorisée à faire voler les avions car elle ne possède ni CTA, certificat de transport aérien, ni licence. Selon maître Cotret, les autres candidats se trouvent dans la même situation (pour en savoir plus : cliquez ici).
Dans cette attente d’obtention du CTA, la COM a choisi d’assurer une continuité des dessertes aériennes entre les îles et ainsi a prévu d’affréter un ATR et un Embrayer, le premier est facturé 5500 euros par vol, le second 7000 euros par vol. Le délai minimum d’instruction d’un dossier de CTA est de trois mois.
Affréter des avions permettrait de réduire la perte d’exploitation imposée par les démarches de CTA. Louis Mussington entend aussi demander le «soutien » de l’Etat. «Si la COM fait le choix d’affréter des avions c’est pour permettre une continuité territoriale et éviter un monopole », a précisé le vice-président Alain Richardson.
Pour les conseils consultés et selon les informations financières disponibles au moment du montage du projet le projet ainsi monté peut «voler». En réduisant la masse salariale et en exploitant les trois lignes rentables de Caire, le projet de la future SEM serait rentable.
La COM a aussi décidé de permettre aux personnes qui avaient acheté des billets d’avion et qui ne les ont pas encore utilisés, de voyager.
Enfin, pour reprendre Caire, la COM a fait le choix de créer une société d’économie mixte (New Air Antilles) dont celle sera l’actionnaire majoritaire. L’intention a été validée par les membres du conseil territorial le 14 septembre dernier et la création adoptée mercredi.
Dans ce contexte, la COM a déposé une première offre le 1er septembre et une offre améliorée le 18 septembre et proposé une reprise d’un montant de 400 000 euros, montant, selon maître Cotret, équivalent à celui des autres candidats.