23.03.2017

Elections COM 2017 : entretien avec Alain Richardson dans l’entre-deux-tours

Alain Richardson est tête de liste d’En Marche vers le progrès (MVP).

Comment expliquez-vous le fort taux d’abstention au premier tour des élections territoriales ?

L’offre politique n’a pas été au goût de la population. Le nombre de listes a certainement désorienté les électeurs. Si on compare ce taux avec le taux national, voire international, on observe que la tendance n’est pas à la mobilisation des électeurs. La chose politique, la classe politique ne fait plus recette. C’est un message adressé aux politiques afin qu’ils se remettent en cause. C’est important d’avoir l’humilité de reconnaître cette situation. Nous devons tout faire pour apporter de vraies solutions pour que la démocratie puisse s’exprimer de manière plus forte.

Comment vous définiriez-vous auprès des électeurs qui ne vous connaissent pas ou peu ?

Je n’appartiens pas au clivage politique habituel. Je suis pour la libre entreprise. Je considère que travailler honnêtement et s’enrichir est quelque chose de normal mais qu’il est aussi nécessaire d’être solidaire envers les personnes qui n’ont pas les mêmes chances dans la vie. Je dirais que je suis pour la socio-démocratie.

Je suis quelqu’un qui a de la compassion, quelqu’un d’ouvert. J’ai des principes et des valeurs que je défends. Je suis passionné et peux être têtu. Pour agir, je m’appuie sur mes convictions mais sans être borné et intolérant.

Quelle est la différence entre le programme du RRR et celui du MVP ?

La différence fondamentale est l’approche. Dans le programme du MVP, nos actions sont davantage pragmatiques avec le plan Oxygène. En 2012, les finances de la Collectivité étaient dégradées, notre priorité à cette époque était de rétablir l’équilibre budgétaire. Je rappelle que la COM était quasiment en cessation de paiement ; certains fournisseurs n’étaient pas payés. Aujourd’hui, la situation n’est pas aussi critique. La population a fait les efforts demandés.

Notre priorité aujourd’hui est l’emploi. La relance économique est prioritaire. D’où des mesures en conséquence. Le monde économique doit sentir que nous ne le négligeons pas. La marche vers le progrès est possible uniquement si le tissu économique est consolidé. Nous devons créer de la richesse pour créer des emplois. C’est ainsi que la jeunesse reprendra confiance qu’elle ne sera pas attirée par des actes d’incivilité.

Vous parlez dans votre programme de simplifier le système d’imposition des revenus et des bénéfices. Pouvez-vous préciser cette mesure ?

Aujourd’hui sur une déclaration d’impôt, il y a plusieurs catégories : salaires, plus-values, revenus agricoles, BIC, bénéfices industriels, etc. Nous souhaitons la simplifier. Notre réflexion porte sur la création, à terme, de deux types d’impôts : l’impôt sur le travail et l’impôt sur les bénéfices. Tous les bénéfices quels qui soient, doivent être imposés de manière identique. Aujourd’hui, un certain nombre de revenus sont trop fortement pénalisés, notamment le foncier.

Notre ambition est de simplifier ces déclarations afin d’inciter un plus grand nombre d’administrés à déclarer, et de favoriser l’investissement et la création d’entreprise.

Je précise en outre que le droit de timbre pour les avis d’imposition et de non imposition d’un montant de 100 euros que notre groupe (RRR, ndlr) avait mis en place, sera supprimé. Il avait été justifié par le besoin à l’époque de créer des recettes. C’était une mesure provisoire.

Le budget 2017 doit être voté avant le 15 avril. La présidente sortante a annoncé un budget de 150 millions en fonctionnement. Comment l’appréhendez-vous ?

Le budget réel de la COM se situe entre 150 et 170 millions d’euros. Nous voterons ce budget avant le 15 avril et nous proposerons de voter un budget supplémentaire quelque mois plus tard, le temps de prendre les délibérations nécessaires et de mettre en œuvre rapidement un certain nombre de mesures.

Si vous êtes élu, comment allez-vous organiser au sein de la Collectivité ?

Au niveau des vice-présidences nous avons réfléchi de même qu’au niveau des présidences des organismes qui dépendent de la collectivité et de l’administration de la COM (postes de directeur, etc.). Une réflexion sera menée pour savoir si l’efficacité sera assurée. Les élus ont un mandat politique et l’administration doit mettre en musique la politique des élus en préparant des actes administratifs…

Nous devrons nous assurer que l’appareil administratif soit prêt pour pouvoir mettre en musique la politique. Aujourd’hui des questions se posent en raison de départs à la retraite. Très rapidement le point devra être fait pour que l’administration soit en marché rapidement.

♦ Considérez-vous qu’un homme politique puisse embaucher des membres de sa famille ?

Être membre de la famille d’un politique ne signifie pas être incompétent, ne pas disposer des qualifications requises. Aujourd’hui embaucher quelqu’un de sa famille n’est pas interdit par la loi.

Toutefois, moralement la question se pose. Et le législateur va devoir décider si ce sera toujours possible ou non. Mais aujourd’hui, c’est autorisé. À l’unique condition que ce soit pour un emploi effectif. La rémunération et les conditions de travail doivent être comparables à ce qui est normalement pratiqué. Il ne doit pas y avoir d’emplois fictifs et des missions non effectuées. Il doit y avoir une parfaite équité et un traitement similaire entre un membre de sa famille et un salarié non membre de votre famille.

Dimanche aura lieu le second tour des élections. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je suis serein. La démocratie aura le dernier mot. Elle verra qu’un travail est fait. Mais les électeurs doivent arriver à exercer leur choix sans pression par rapport au poids de l’argent. Car dans cette élection, le poids de l’argent a fortement influencé les résultats.

Estelle Gasnet