EHPAD : une formation pour améliorer la bientraitance des personnes âgées
« Neuf grabataires sur dix le sont par défaut de soins adaptés en amont » affirme Patrice Gaudy, gérant de l’antenne Outre-mer de l’Institut Funeste-Marescotti. Il est venu former début avril treize salariés de l’EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Saint-Martin pendant quatre jours aux principes de l’humanitude. Cette méthodologie de soin développée par Rosette Marescotti et Yves Gineste dans les années 80 a pour objet de professionnaliser au travers de 150 nouvelles techniques de prendre-soin, un véritable accompagnement dans la bientraitance.
« Humanitude n’a pas la prétention de soigner ou de guérir mais de prendre soin des gens. Plutôt que de s’occuper de ce qui va mal (pathologie), on s’occupe de ce qui va bien encore » avance Patrice Gaudy. Il préconise ainsi de travailler sur les capacités de la personne en commençant par les évaluer, puis de donner des objectifs, et d’adapter son accompagnement.
La méthodologie s’appuie sur trois piliers relationnels, le regard, la parole, le toucher et un pilier identitaire, la verticalité. Remettre du lien, inciter les personnes âgées à rester debout le plus possible notamment pendant la toilette, personnaliser les soins, et surtout bannir les soins de force. Tels sont les outils et codes de conduite auxquels ont été initiés aides-soignants, cadres santés, et aides médico-psychologiques (AMP) de Béthany Home au cours d’une formation qui alliait théorie et pratique.
L’Humanitude permet d’aider soignants et aidants à accompagner notamment des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs. Un public parfois difficile à appréhender, la démence entraînant souvent des troubles du comportement, comme de l’agressivité verbale ou physique.
Selon Brigitte Espartero, cadre de santé à l’EHPAD de Saint-Martin, la démence concerne une bonne partie des quarante résidents de l’établissement. « Il manque une filière gérontologique à Saint-Martin. Nous recevons les personnes en bout de course. Ce sont des gens détériorés, grabataires. Il faut qu’on s’améliore dans l’accompagnement » indique-t-elle.
Un constat qui ne remet pas en cause le professionnalisme des salariés. « On a été formés sur des standards. On nous a appris des techniques comme celle de la toilette sans mobiliser la personne et sans réfléchir aux efforts que ça nécessite chez le soignant. On faisait notre travail ! » souligne la cadre santé. Et d’ajouter : « ce type de formation permet de prendre une distance par rapport à notre pratique. On ne change pas tout en une formation mais nous sommes en tout cas engagés dans une démarche ».
« L’intérêt est d’éviter la grabatisation en utilisant les capacités résiduelles des résidents » résume Jean-Marie Marchais, directeur de l’EHPAD. Il avait déjà fait appel à Patrice Gaudy à deux reprises en avril et juillet 2017 pour sensibiliser l’ensemble des 50 salariés à l’Humanitude. D’autres formations sont prévues pour 2019.