Daniel Gibbs revient sur la visite d’Annick Girardin à Saint-Martin

La ministre des Outre-mer était en visite officielle à Saint-Martin les 13 et 14 avril derniers. Daniel Gibbs a attendu jeudi 18 avril pour faire le point sur cette visite. « J’ai pris le recul nécessaire pour réagir et laisser retomber les polémiques stériles qui ont accompagné son déplacement » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse générale. « Je dirais qu’un nouveau partenariat État/COM, davantage tourné vers les projets d'avenir, semble se dessiner » considère-t-il.

Etablissements scolaires

La réunion de travail du samedi 13 avril au port de Galisbay avait pour objet d’aborder les dossiers prioritaires de la collectivité. En particulier la reconstruction des établissements scolaires et le financement de ces travaux à travers notamment le Fonds de Solidarité de l’Union Européenne (FSUE), discutés en présence du recteur Mostafa Fourar, des élus et techniciens de la collectivité et représentants de l’Etat.

La ministre a annoncé être favorable à laisser à Saint-Martin un « droit de tirage » exclusif sur le FSUE, jusqu’au 31 août 2019. Une décision majeure pour la collectivité qui gagne quelques mois sur la date limite initiale prévue au 31 décembre 2018, puis prolongée au 30 juin. Ce report de deux mois supplémentaires va permettre à la collectivité de réaliser une partie des investissements sur la reconstruction des établissements scolaires pendant les grandes vacances, en juillet et août. « C’est une grosse avancée » a commenté le président de la COM.

Aide financière de l’Etat sur le fonctionnement de la COM

Concernant l’accompagnement de l’Etat sur le fonctionnement de la collectivité, la COM rapporte qu’Annick Girardin, « estime qu’un avenant au protocole signé en novembre 2017 pourra être entériné pour l’aider à compenser la perte de 25 millions sur la dotation de fonctionnement exceptionnelle de 2018 et accélérer la reconstruction : une décision importante pour l’équilibre financier encore très fragile de la collectivité ».

La Collectivité devra ainsi travailler de concert avec la préfète Sylvie Feucher et ses équipes pour mettre en œuvre ensemble cette révision financière du budget de la COM. Daniel Gibbs en a profité pour faire taire les rumeurs : « je ne suis pas fâché avec la préfète. Je ne suis juste pas d’accord parfois avec toutes ses décisions ou ses façons de faire. » Il a par ailleurs précisé que la Direction des Affaires financières de la Collectivité avait déjà travaillé par anticipation sur des solutions concrètes qui seront proposées en ce sens.

Aide au développement économique

Le développement économique du territoire et les politiques publiques engagées par la COM ont également été au cœur des discussions. « La ministre a rappelé la volonté de l'Etat de nous accompagner sur les projets d’investissement, à charge pour la collectivité de présenter des projets de développement » a poursuivi le président tout en se lançant dans une métaphore filée comparant la durée estimée de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame à celle du territoire de Saint-Martin. « Le président Macron a dit qu’il faudrait cinq ans pour la reconstruire. Et nous on pense qu’en un ou deux ans on va reconstruire tout ce qui a été détruit ? ».

« Sur ce point, plusieurs projets ont été budgétés et présentés à nos concitoyens en janvier dernier. Nous avons lancé l’aménagement de la voirie sur la rue de Hollande et l’enfouissement des réseaux, l’aménagement des Carbets d’Orient Bay, l’aménagement de la nouvelle place du Marché à Marigot, et la réparation de la Marina Port la Royale » a poursuivi le président qui a annoncé que d’autres projets étaient en préparation. « La ministre a confirmé que nous avons « perdu » 25M€ sur l’exercice 2018, mais la bonne nouvelle, c’est que pour 2019 - et aussi 2020 et 2021 – les enveloppes seront disponibles pour nous aider et soutenir nos projets d’investissement. A nous de mettre en place une administration forte pour gérer l’opérationnel. » a-t-il ajouté.

Le président a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de restructurer Saint-Martin pour apporter au territoire « crédibilité et solidité » était au cœur du discours du président de la COM qui a notamment évoqué la réforme en cours du fonctionnement de l’administration territoriale : « nous devons supprimer les dysfonctionnements administratifs, les mauvaises habitudes de gestion, et les comportements inappropriés ». Il a salué l’aide apportée par les techniciens de l’AFD mis à la disposition de la COM qui ont selon lui « aidé la COM à avancer ». « Nous avons des agents compétents dans cette administration mais nous avons besoin d’encadrement » a-t-il ajouté, faisant écho au rapport de la chambre territoriale des comptes d’août 2018 qui soulignait le manque d’agents territoriaux de catégories A.

Impôts

« J’entends beaucoup de choses sur les recettes fiscales… Elles sont effectivement encourageantes. Mais attention, il ne faut pas faire d’amalgame : la santé financière de la collectivité reste encore fragile. Nous avons encore un fossé de plus de 30 millions d’euros par rapport aux recettes avant Irma » a précisé Daniel Gibbs.

Il a indiqué l’importance d’avoir un recouvrement optimal des impôts et taxes et une fiscalité plus juste. Il a annoncé qu’une réforme de la fiscalité était en cours « dans le but d’instaurer une fiscalité à la fois plus équilibrée pour nos concitoyens et plus attractive pour les investisseurs. Ma conseillère Marie-Dominique Ramphort est en charge de ce volet. Elle aura l’occasion de communiquer le moment venu sur les avancées de cette réforme ». La collectivité a demandé une forte implication des services de Bercy pour l’accompagner dans la mise en place de cette réforme qui devrait prendre effet en 2020.

Coopération

Enfin Daniel Gibbs a fait « une parenthèse rapide » sur la réunion de coopération avec la ministre Annick Girardin et Léona Marlin-Roméo, premier ministre de Sint Maarten, l’une des étapes phares du 4^ème déplacement officiel de la ministre à Saint-Martin depuis Irma.

Le programme opérationnel de coopération transfrontalière et notamment le projet d’infrastructure commune d’assainissement des eaux usées ont longuement été discutés. « La volonté commune de s’inscrire dans un agenda rigoureux pour éviter de perdre les crédits communautaires (FED et FEDER). J’ajoute que des accords devraient être finalisés sous peu s’agissant du trafic maritime avec Anguilla ou encore de la gestion de crise et de la lutte contre les incendies. Une attention particulière sera également portée sur la coopération policière et douanière, afin de mieux agir contre les réseaux criminels, en particulier dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants » a-t-il résumé.