Comment permettre aux habitants "d’agir pour le développement de l'économie locale"
En 2015, les jeunes de moins de 20 ans représentent 34,1 % des habitants de Sandy Ground et 43,8 % de Quartier d’Orléans. Le taux de chômage des 15-65 ans est de 34,3 % à Sandy Ground et 35,4 % à Quartier. Celui des 15-24 ans de 57,7 % à Sandy Ground et 47,5 % à Quartier. «Le diagnostic mené [en amont de la rédaction du contrat de ville] a révélé une situation socioéconomique alarmante dans les quartiers de Sandy Ground et de Quartier d’Orléans. Elle appelle impérativement de la part des acteurs du territoire une réflexion concertée et partagée» sur plusieurs questions dont celle-ci : «quel modèle de développement économique pour le territoire et pour les quartiers prioritaires ? »
Le contrat de ville 2015-2020 rédigé en 2015 a suggéré de «mettre l’accent sur un développement endogène des quartiers prioritaires». «Il [s’agissait], en s’appuyant sur les dispositifs de droit commun, de créer les conditions nécessaires permettant à leurs habitants d’agir pour le développement de l’économie locale ». Et de préciser : «ce choix [devait relever] plus d’un changement de paradigme et de démarche que d’une simple stratégie de développement».
Des pistes de réflexion ont été formulées afin d’accompagner la structuration des filières économiques et à l’insertion économique dans des domaines comme l’écotourisme, l’artisanat, le patrimoine, le nautisme ou la pêche.
Le constat a été le suivant : «Les quartiers de Sandy Ground et de Quartier d’Orléans n’arrivent pas à bénéficier [des principaux flux touristiques] en dépit de leur excellent positionnement sur la RN 7. Ils ne disposent pas des équipements nécessaires », or ils présentent de nombreux atouts : Quartier se situe près de la mangrove et bénéficie de «la présence de la Réserve naturelle», Sandy Ground est au bord de «l’un des plus grands lagons d’eau de mer de la Caraïbe ».
Par exemple, Quartier d’Orléans «disposant d’un patrimoine riche» (existence d’anciennes cases créoles, présence de passeurs d’histoire, les Salines d’Orient, sites historiques amérindiens, etc.), les rédacteurs du contrat de ville avaient estimé que «ces nombreux atouts [pouvaient permettre] d’envisager le développement d’une économie locale axée autour de ce patrimoine historique et culturelle». Le contrat de ville ou les fonds publics dédiés, pouvaient ainsi permettre des actions visant par exemple «l’identification du patrimoine, la réalisation d’un schéma de mise en valeur du patrimoine, l’intégration du patrimoine local dans le cadre d’un projet de schéma de développement économique, la réhabilitation des sites historiques, la mise en place d’un schéma touristique écologique, le développement d’équipements autour du patrimoine et des pratiques artisanales, la mise en place d’une unité de transformation des produits locaux ». L’objectif de telles actions est de «développer et sensibiliser aux pratiques artistiques, promouvoir des liens entre les communautés, créer des activités extrascolaires, organiser des événements culturels, etc. »
Les rédacteurs du contrat de ville avaient aussi pensé que le développement et la promotion de l’artisanat local pouvaient répondre aux problématiques soulevées autour de l’identité territoriale. «La grande majorité des produits sur le territoire sont importés d’autres îles ou de l’étranger (Asie)», avaient-ils pu noter. Pour développer l’artisanat local, fallait-il déjà «identifier les artisans locaux, les accompagner vers une démarche plus économique, proposer des formations pour que les artisans puissent améliorer leurs techniques, etc.» Il avait été suggéré de réfléchir à «la mise en place d’une entreprise d’insertion dans la production de l’artisanat local, d’un marché de l’artisanat local et de communiquer autour du label Souali».
Enfin, dans le domaine du nautisme, précisément dans celui de la réparation navale, «les acteurs économiques [avaient] fait le choix de saisir l’opportunité du contrat de ville pour valoriser le savoir-faire local en encourageant une structuration de cette filière, en se concentrant sur la mobilisation des habitants, notamment les jeunes issus des quartiers cibles ». Alors que le développement de formations professionnelles au lycée dans la maintenance nautique était souligné, il avait été mentionné que «cette optimisation des ressources » devait passer par « un appui au développement de la filière, [qui] suppose la mise en place d’équipements ou d’instruments pouvant faciliter l’intégration des jeunes ou la création de nouvelles entreprises grâce aux pépinières d’entreprise, aux ateliers relais, etc. »
Alors que ce contrat de ville se termine d’ici à la fin de l’année, force est de constater qu’un certain nombre d’actions suggérées dans le document pour lesquelles partenaires et institutions avaient été identifiés pour les mener et que des fonds étaient dédiés pour les financer, n’ont pas abouti. Voire n’ont même pas été engagées. Or, aujourd’hui face à une situation tout aussi alarmante, autorités et mêmes acteurs se réunissent encore pour débattre de «solutions» pour aider les jeunes des quartiers, promouvoir ces quartiers.