19.03.2021

Le duo MoAnanda sort un single rendant hommage aux femmes

Il s'est aussi associé à SXM Alumni dans la réalisation de portraits de femmes puissantes de Saint-Martin.

«Woman at Work» c'est «l'histoire d'une femme qui est son propre chef de famille qui est indépendante, forte et débrouillarde. Elle est autant une chef d'entreprise qu'une femme de ménage qu'une artiste. Vêtue d'un tailleur ou d'une mini-jupe. Peu importe le travail, on sait qu'elle le fer », raconte la chanteuse Moana. C’est aussi le nouveau single de son duo musical MoAnanda à travers lequel elle veut rendre hommage aux femmes en ce mois de mars.

Le duo a voulu aller plus loin dans l’hommage à «celles qui prouvent au quotidien qu’elles ne sont pas le sexe faible». «En grandissant à Saint-Martin, j'ai eu la chance d'être entourée de femmes extraordinaires et inspirantes. Elles m'ont appris que les femmes étaient capables. Quand j'ai déménagé aux USA il y a douze ans, j'ai eu un choc culturel vis-à-vis du rôle et de l'image des femmes hors de ma bulle», confie Moana. «Quand on a fait cette chanson et qu'on a décidé de la sortir pour le mois de l'histoire des femmes, ça a été évident pour moi que les femmes que je voulais mettre en avance seraient celles de mon île natale», poursuit-elle. Aussi le duo s’est-il associé à l'association des anciens élèves de Saint-Martin SXM Alumni. «Nous avons choisi SXM Alumni parce qu'ils ont toujours mis en avant les personnes de l'île, et que leurs valeurs correspondaient donc à ce que nous cherchions à mettre en place pour ce projet», explique Moana. Ce projet est une série de portraits vidéos de femmes puissantes de Saint-Martin qui seront publiées à partir du 22 mars.

«En parallèle, nous avons préparé un clip vidéo avec FreeVerse, une compagnie de production à Los Angeles entièrement faite de femmes, dont Salomé Costa, qui a elle aussi grandi à Saint Martin. Nous avons également la chance d'avoir travaillé avec Lily Hinckfoot, artiste de street art, populaire pour son travail avec WallArtStMartin, qui a créé la pochette pour la chanson », ajoute Moana.

Moana : «il est temps d'arrêter de juger les femmes qui font des métiers considérés inférieurs »

«C'est facile dans notre société moderne de voir le féminisme comme un sujet acquis et presque "has been", mais il nous paraît important de rappeler que nos victoires sont récentes et incomplètes. En France, l'émancipation féminine ne s'est faite qu'au siècle dernier: travailler sans l'accord d'un mari, voter, ouvrir son propre compte bancaire, avoir accès à toutes les écoles et à l'éducation supérieure, participer à la bourse, avoir droit à ses propres passeport et carte d'identité, avoir l'intimité de son courrier; toutes ces lois sont relativement nouvelles! D'ailleurs, l'interdiction du pantalon aux femmes a été abrogée seulement en 2013! Quelle aberration! Et le travail n'est pas fini: nous ne touchons toujours pas les mêmes salaires pour les mêmes postes, nous devons constamment subir des remarques dégradantes au travail, les standards sont plus bas dans nos carrières, et les stéréotypes sont toujours très forts dans certains métiers qui sont estimés masculins. Et c'est pire dans les pays plus traditionnels !

En Arabie Saoudite, les femmes viennent à peine d'obtenir le droit au permis de conduire. Certains pays, comme le Pakistan, n'ont pas de lois contre les violences domestiques. En Somalie, 95% des filles sont mutilées génitalement. Environ 70% des femmes sont victimes de violence en Inde, la plupart du temps sexuelles. Aux USA, le mouvement #MeToo ressort constamment avec de nouveaux scandales, et le pays a beau être la première puissance mondiale, il reste aussi le numéro 1 mondial pour les viols. Même les pays "en avant" du mouvement sont en retard: l'Islande a fait la une des journaux en déclarant la parité obligatoire des salaires... Mais seulement en 2018! Il est donc d'ordre capital de mettre en avant les femmes puissantes, qui montrent l'exemple pour les prochaines. C'est aussi un bon moment pour rappeler qu'il n'y a pas de "sot métiers" (ou sous métiers pour la version moderne). Il est temps d'arrêter de juger les femmes qui font des métiers considérés inférieurs, et de plutôt les respecter pour leur humanité. »

 

Estelle Gasnet