«De la reproduction au qualitatif », le projet d'Emmanuel Gimenez
En 2011, Emmanuel Gimenez, éleveur et fondateur du projet Carib Gènes revient sur son île Saint-Martin et récupère l’exploitation familiale, son grand-oncle n’étant plus en mesure d’y travailler. A cette époque il n’y avait que dix bêtes, pas de taureau ni de clôture. Petit à petit il restaure la propriété qui compte actuellement une cinquantaine de bêtes. Avant Irma il fait l’acquisition d’un taureau en Guadeloupe et de trois génisses afin de mieux en développer l’exploitation.
L’élevage est une grande responsabilité qui découle de la compréhension de la manière de gérer et accroître son cheptel. «On est responsable d’un animal de sa naissance à sa mort», convient-il. «Si vous souhaitez gérer la reproduction, la commercialisation de votre production laitière ou de viande, vous avez besoin d’un minimum de professionnalisation», ajoute-t-il. Selon Emmanuel Gimenez, il est avant tout nécessaire de gérer le problème de la reproduction pour pouvoir avancer et réellement faire de la haute qualité.
En conséquence, il réfléchit à son propre projet. Tout en sachant qu’aux Antilles, il existe des problèmes de croisement et de consanguinité. Le croisement peut être une bonne chose permettant de développer des résistances à certaines maladies, a contrario, la consanguinité peut développer des maladies et des malformations.
Emmanuel suit une formation, obtient son diplôme national avec un agrément sanitaire de centre de stockage de semence bovine pour se tourner vers l’insémination artificielle. L’insémination artificielle c’est « le progrès génétique » qui permet de réduire l’impact environnemental des élevages : les éleveurs utilisent moins d’animaux pour un même résultat. De plus, cette démarche permet de réduire les coûts d’importation des animaux vivants (géniteurs).
L’insémination va permettre d’accéder à des taureaux à haut potentiel génétique élevé car l’avantage de l’avancement génétique est que l’on peut contrôler la gestation, les coûts de production, la sélection race, le sexe, supprimer certains défauts ainsi il y a la possibilité de choisir des taureaux aux performances connues qui permettront d’améliorer certaines qualités et limiter la consanguinité, explique l’éleveur saint-martinois.
Cependant, il n’a pas encore débuté pour une raison simple : le manque de structuration de la filière bovine, principalement le non fonctionnement de l’abattoir. Sa réouverture prochaine rend espoir à Emmanuel qui n’a pour autant diminué son cheptel. Il a aujourd’hui 55 bêtes et continue d’augmenter jusqu’à ce que ses limites le lui permettent.
Prochainement, il va pouvoir commencer l’insémination artificielle sur ses bêtes. Ainsi neuf mois et demi plus tard, les premières naissances de veau verront le jour sur le territoire.
Emmanuel mise sur son projet Carib Gènes et souhaite augmenter la qualité de son élevage à Colombier dans l’intérêt du territoire. Il possède pratiquement les meilleures races reconnues : blonde d’Aquitaine, charolaise, limousine, angus, ou encore la salers. Il espère que Carib Gènes sera être l’outil incontournable pour d’autres éleveurs.
Enfin, il a passé en juin dernier un diplôme afin d’avoir recours au principe d’insémination avec les chèvres. Il est également en cours d’obtenir le label AB. Il sera le premier certifié agriculture biologique début 2023 pour l’ensemble de son élevage.