03.04.2023

Hausse de 6,5M€ des dépenses de personnel à la COM en 2023

Pour le président Mussington, «c’est normal».

Le président de la Collectivité a anticipé les remarques sur la hausse des dépenses de personnel dans le budget primitif 2023 de la COM. À «ceux qui crient au loup, crient à une augmentation substantielle de la masse salariale comme si elle était sans raison, est-il vraiment nécessaire que je leur rappelle que pour faire une omelette on est obligé de casser des œufs ?», a déclaré Louis Mussington dans son discours introductif en séance plénière du conseil territorial vendredi 31 mars.

Les charges de personnel s’élèvent cette année à 53,3 millions d’euros, soit 6,5 millions d’euros de plus par rapport à celles votées en avril 2022, en sachant que celles-ci avaient déjà progressé de 2 millions, et qu’une rallonge a été votée au budget supplémentaire. A fin 2022, les charges de personnel représentaient 49 millions d’euros.

«La mise à jour obligatoire des carrières des agents, le respect des protocoles d’accord et l’embauche de contractuels à des postes nécessaires à la montée en puissance de l’administration, entrainent de fait une hausse des dépenses significative qui sera notamment compensée par le non remplacement des départs à la retraite», avait expliqué il y a un an Louis Mussington lors du débat sur les orientations budgétaires.

Aujourd’hui, le président assume encore cette hausse. «Oui, nous avons [augmenté les dépenses de personnel] et c’est normal. Nous avions besoin de recruter du personnel qualifié pour assurer la gestion des affaires de ce pays avec compétence et savoir-faire», a-t-il confié. Il considère aussi que son équipe est la première à avoir «débuté un vrai processus de recrutement de cadres originaires du territoire [pour l’accompagner] dans la définition du développement territorial et son rééquilibrage économique et social », que son équipe est la première à «afficher une vraie politique de recrutement en fonction de priorités déterminées». Il rappelle aussi que la ministre des Outre-Mer (Brigitte Girardin) en 2005, avait conseillé à la future COM de «recruter des compétences qui lui permettraient d’assurer correctement la gestion des nouvelles obligations qui lui incomberont». «C’est donc avec fierté et un sentiment de satisfaction que j’annonce aujourd’hui, que les services dans leur quasi-totalité disposent de renforts en compétence et de technicité tels que l’envisageait déjà la ministre Girardin en 2005», a confié Louis Mussington en séance plénière. Et d’insister : «alors, oui on dépense un peu plus d’argent en salaires mais c’est pour une très bonne cause.» Il précise que 73 % des effectifs recrutés depuis avril 2022 perçoivent des salaires élevés et 98 % d’entre eux sont des Saint-Martinois.

Louis Mussington a également indiqué que la COM avait la capacité d’assurer ces dépenses : «nous sommes compétents en matière fiscale et véritablement les sommes que nous récoltons [produits des taxes et impôts, ndlr], servent à rémunérer le personnel qualifié que nous avons embauché pour mieux gérer notre affaire collective».

Toutefois, le conseil économique, social et culturel (CESC) a souligné cette nouvelle hausse dans son avis sur le budget primitif. Après que les membres du CESC représentant «la société civile» ont «sollicité l’exécutif sur l’augmentation des charges de personnel» en cours d’année dernière, le CESC avait pris acte de ce «caractère exceptionnel» et de la nécessité de «l’application d’un protocole permettant de corriger un certain nombre d’irrégularités des dossiers individuels». «Mais le CESC «constate aujourd’hui que le budget est non seulement maintenu mais en très forte augmentation avec une ligne portant «rémunération non titulaires» qui évolue par exemple de 2,6 millions à 7 millions». «Tant que le recrutement correspond à un besoin et respecte l’obligation juridique d’approuver la création de postes par délibération du conseil territorial», le CESC estime que ce recrutement «est parfaitement légitime».

Depuis 2007, les dépenses de personnel n’ont jamais été aussi élevées. Elles représentent aujourd'hui 35,6 % des dépenses de fonctionnement, contre 32,7 % en 2021.

Le montant de ces dépenses a été adopté avec 15 voix pour, 4 voix contre et 2 absentions.

Estelle Gasnet