10.04.2024

Comment Armelle s’est reconvertie et a créé sa propre marque de stylo en bois

Les effets bénéfiques de l’art sur le cerveau, sont-ils réels ? Armelle B en est convaincue, car l’art a été une thérapie pour elle, voire une libération. « Si je me sens mieux aujourd’hui et que j’ai retrouvé mes goûts, c’est grâce au plaisir que je prends à travailler artisanalement », avoue-t-elle. Ce plaisir, elle le travaille dans la fabrication artisanale de stylos en bois tourné. 

Armelle Fayard de son vrai nom, a toujours aimé bricoler, indépendamment de son activité professionnelle au sein d'une banque en métropole. Un travail prenant qu’elle exerçait sans compter ses heures jusqu’au jour où, le burn out s’installe la poussant à être en arrêt-maladie pendant un an. Pour la première fois, elle écoute son corps et profite de ce moment pour restaurer des meubles, etc. Un jour, alors qu’elle a voulu installer son dressing dans sa chambre, elle s’aperçoit qu’il a besoin d’une coupe. Elle se rend donc dans un atelier d’une association de retraités près de chez elle pour faire découper la planche nécessaire à son dressing. 

Dans cet atelier, elle va apprendre la découpe du bois et également le tournage sur bois. « J’ai trop aimé être dans ce lieu et penser juste à ce que je créais, car ça me vidait la tête », confie-t-elle. Puis, « un jour, une femme m’a montré ce qu’elle avait offert à son frère : un beau stylo en bois et je me suis dit pourquoi moi, je ne saurai pas le faire ? », se dit-elle en se lançant inconsciemment le pari de réussir. Armelle se rend auprès d’une autre association pour se former et commence à créer une vingtaine de stylos. 

En juillet 2O23, avec sa famille, elle décide de changer de vie en quittant Grenoble pour s’installer à Saint-Martin. Après de nombreux encouragements de la part de ses proches, Armelle se prend à son plaisir en achetant son propre tour de bois. Dans cette dynamique de faire de son plaisir son métier, elle décide de poursuivre sa formation en France pendant un mois et demi. En complément de celle-ci, elle effectue un stage en immersion sur l’île auprès de Loïc de l’Atelier Olda et chez Persello. 

« Le métier de tourneur de bois existe déjà, je n’ai rien inventé, cependant ma touche personnelle est unique. « C’est très intéressant de fabriquer des stylos. Chaque essence de bois se traite différemment. Pour autant, le plaisir de ce métier est de pouvoir façonner des produits uniques et de qualité à offrir », confie Armelle pour qui cette nouvelle vie est une « renaissance ». 

Les pièces de la marque Armelle B sont en vente chez les boutiques Voilà à Grand Case, Bleu de Perse à Hope Hill, One by K à Hope Estate et à partir du 1er mai à la boutique store de l’office de tourisme située à l’aéroport de Grand Case. Armelle va également à la rencontre de sa clientèle lors de marchés artisanaux.

Comment se passe la fabrication d’un stylo en bois artisanale ? 

Armelle utilise du bois local mais aussi du bois provenant des États-Unis, de la Guyane, du Brésil ou de la France. Elle utilise une variété de bois tels que le teck de Birmanie, l’ébène, le noyer, etc. La première étape consiste à préparer le bois. Tout d’abord en procédant à la coupure du carrelet de bois à la longueur souhaitée et en le perçant au bon diamètre en fonction de l’assemblage utilisé. Pour cette première étape, Armelle ne peut pas le faire à son domicile n’ayant pas le matériel nécessaire, de ce fait, elle travaille avec des menuisiers qui le préparent pour elle. 

Ensuite, la deuxième étape consiste à créer la forme du stylo à l’aide de gouge (outil pour travailler le bois), « étape la plus importante et difficile qui demande de la précision», indique l’artisane. « À l’aide de mon tour qui est lancé à 2 000 tours/minute, je vais enlever de la matière et je vais donner la forme que je souhaite à mon stylo », explique-t-elle. 

Une fois façonné, le bois est posé à l’aide de sept grains différents pour obtenir un toucher lisse et attrayant. Après que le ponçage est terminé, Armelle va venir poser trois couches de polish pour protéger le bois et lui donner de l’éclat.

La dernière phase comprend le montage des éléments du stylo, notamment avec leurs mécanismes. Pour cela, elle s’approvisionne chez son fournisseur en France. La création complète d’un stylo peut prendre deux à trois heures. De plus, la marque Armelle B propose une personnalisation unique de ces stylos grâce à la collaboration avec l’Atelier Olda et sa méthode de gravure laser.

Elle propose notamment des stylos à bille et à plume. La jeune femme « hallucine de voir le nombre de personnes qui écrivent encore à la plume ! Ça représente 20% de mes ventes », s’étonne-t-elle. 

Siya TOURE