Usine de biomasse : pourquoi la COM n’a pas le choix
«J’ai mis en demeure la collectivité de conduire une procédure de déclaration d’utilité publique (DUP) du projet Albioma et d’expropriation d’une partie de la parcelle AN 350 nécessaire à l’implantation de ce projet industriel capital pour l’avenir du territoire de Saint-Martin», a écrit le préfet Vincent Berton au président de la Collectivité dans un courrier en date du 20 août.
«Le système électrique se dégrade sur notre territoire et il est urgent d’y apporter une réponse rapide et adaptée», se justifie le préfet dans ce même courrier. Des moteurs de la centrale EDF à Galisbay doivent en effet arrêter de fonctionner car ils ne sont plus conformes au normes ; toutefois une dérogation a été accordée pour prolonger leur utilisation d’encore quelques mois.
Dans ce contexte, l’Etat et la Collectivité ont «élaboré conjointement un projet de PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) qui [les] lie pour le maintien de la péréquation tarifaire à Saint-Martin». Le document adopté par les élus en juin 2023 a identifié des projets de production d’électricité, dont celui à partir de biomasse de la société Albioma comprenant quatre moteurs de 5 MW chacun pouvant fonctionner de manière indépendante et produire de l'ordre de 125 GWh/an.
Mais au lieu de se focaliser sur ces propositions et de les aider à se concrétiser ou d’«acter un choix formel» selon le préfet, la Collectivité a lancé un appel à manifestation d’intérêt cette année afin de faire émerger d’autres projets. La COM a reçu de nouveau celui d’Albioma ainsi que d’autres utilisant notamment les énergies éolienne et solaire. «Sur les cinq candidats s’étant manifestés, quatre ne semblent manifestement par répondre au besoin exprimé par le projet de PPE ainsi que par le gestionnaire de réseau», a remarqué Vincent Berton. Et de souligner dans son courrier du 20 août : «seul le projet Albioma, pourtant déjà identifié, y répond.»
De plus, la commission de régulation de l’énergie a «accueilli favorablement les objectifs de développement de la biomasse liquide» à Saint-Martin.La COM a suivi les consignes de la préfecture et les élus ont voté le lancement de la DUP le 19 septembre dernier. Plusieurs semaines seront nécessaires avant que la collectivité ne puisse disposer de la parcelle. Et ce n’est qu’à partir de ce moment que les démarches administratives pour la construction de l’usine seront engagées. Selon Albioma, le chantier ne pourra pas débuter vingt mois après que le foncier a été sécurisé et la mise en service de la centrale intervenir deux ans plus tard. A partir du moment où la COM devient propriétaire de la parcelle, il faudra donc attendre au moins trois ans et demi pour que cette nouvelle usine fonctionne.
Les services d’Albioma et de la préfecture ont élaboré «un rétroplanning» qui prend notamment en compte les délais des différentes procédures administratives (y compris celles pour maîtriser le foncier) et l'ont transmis à la collectivité qui doit le respecter. «Si ces délais ne pouvaient pas être tenus, je n’aurai d’autre choix que de reprendre immédiatement la procédure de substitution de l’Etat», a indiqué le préfet au président Louis Mussington.