Un nouveau primeur de proximité
Pourquoi importer des fruits et légumes des Etats-Unis ou d’Europe quand on peut consommer guadeloupéen ? Claude Jeffers et Sylvie Hodge ont ouvert «As natural as possible» le 24 mars sur la Marina royale, face à l'entrée du théâtre.«Tout a débuté par une discussion banale» raconte la co-gérante. En mai dernier, Claude et sa femme sont en vacances chez Sylvie et son mari, en Guadeloupe. Un matin, alors qu'il va chercher du pain, il s'arrête acheter des ananas au bord de la route. « J’en ai eu quatre petits pour 2 €. Et en plus ils étaient délicieux. Je me suis dit : ‘je veux ça chez moi !‘» se souvient-il. II fait part de sa surprise à ses amis. Ils réalisent qu'il y a quelque chose à tenter et commencent à en parler tous les jours. L'idée germe peu à peu.
Pour des raisons familiales, Sylvie et sa famille emménagent à Saint-Martin en août. En cherchant à nourrir ses enfants avec autre chose que des féculents, elle se voit alors confrontée à la problématique soulevée par Claude : les produits frais sont en majorité importés des Etats-Unis ou d’Europe et coûtent cher. Alors que la Guadeloupe est tout près (250 km). Elle qui a toujours été commerçante contacte des amis dans le métier. Leurs époux respectifs ayant déjà un emploi, Claude et elle décident de s’associer. Ils trouvent dans la foulée un local à la Marina royale que le propriétaire a la bonté de leur réserver pendant neuf mois. Comme beaucoup de créateurs d’entreprises sur l’île, ils sont aidés par Initiative Saint-Martin Active. Ils rénovent le local et leur ami guadeloupéen Jimmy Sheik vient spécialement d’Inde pour décorer les murs de la boutique.
PAS BIO MAIS RAISONNEE
Les deux gérants d’"As Natural As Possible" travaillent directement avec six producteurs différents auprès desquels ils passent commande une semaine à l’avance. Les fruits et légumes sont acheminés par bateaux deux fois par semaine, dans des containers frigorifiés. Un premier bateau part le mercredi de Guadeloupe et arrive le jeudi soir à Saint-Martin après avoir transité par Saint-Barthélemy. La deuxième livraison démarre le jeudi soir pour arriver le vendredi après-midi.
La majorité de leurs produits poussent en Guadeloupe, même si quelques-uns ne font qu'y transiter et proviennent d'Europe. Claude est catégorique : «Dans notre magasin il n’y a rien des Etats-Unis ou de Saint-Domingue, et il n’y en aura pas». Bientôt, ils vendront plus de fruits et légumes produits directement à Saint-Martin. Ils sont en train de développer leur collaboration avec les petites fermes saint-martinoises, tels que les jardins de Colombier dont ils vendent déjà quelques fruits et légumes (et des œufs, d'ici quelques semaines).
Ils préfèrent miser sur le local plutôt que le bio. «C’est très cher et cela nous aurait privé d’une partie de notre clientèle» explique Claude. Mais ils travaillent avec des producteurs qui n’utilisent pas de pesticides et pratiquent une «agriculture raisonnée», comme l’avance Sylvie. Saveur, sourire et conseil, avec déjà plus de 150 amis sur Facebook, Anap semble répondre à un vrai besoin. Et Claude ne cache pas leur ambition : «Le but est de prendre le marché de fruits et légumes de Saint-Martin».