Timeshare : une activité légale mais réglementée

Depuis quelques jours la grogne des riverains d’Oyster Pond se fait entendre dans la presse. Dans un courrier adressé à la préfète le 29 novembre dernier, l’un d’entre eux dénonce les pratiques des vendeurs de Timeshare (Outside Personal Contact), qu’il accuse de nuire à la tranquillité du voisinage. « Depuis des années les OPC's (vendeurs de Time Share) font du « camping » sur un parking privé, devant nos portes et entrées de maisons, où ils occupent avec leurs véhicules les places des locataires ou propriétaires de nos résidences et maisons. Ils arrêtent continuellement les touristes et visiteurs qui circulent en voiture et ce dans les deux sens de circulation d’une route publique (avenue du Lagon, du coté français, juste avant la frontière d’Oyster Pond), créant des situations rocambolesques et surtout dangereuses pour les autres conducteurs. […]Ils commencent leur cirque de 9 h du matin jusqu'à 16 h, quelquefois plus tard, les weekends et les jours fériés inclus. Ils sont à 2, à 4, et parfois jusqu’à 8 vendeurs avec quatre ou cinq voitures à la fois, et installent des chaises, des tables pour jouer aux dominos pour passer le temps, des glacières, etc. Actuellement il y en a une qui vient même avec son chien qui aboie toute la journée…[…] Le plus scandaleux, c'est qu'on les a même surpris en train d'uriner dans nos boîtes aux lettres ! A ce jour notre caméra de sécurité a été vandalisée deux fois, ainsi que la boîte de distribution de téléphone France Telecom ; ils nous ont volé un petit chaton, et il y a bien d’autres méfaits… »

Les vendeurs de Timeshare travaillent généralement en binôme. Ils accostent les touristes dans la rue en leur faisant gratter un coupon, toujours gagnant. Et doivent les convaincre ensuite de se rendre dans un des resorts qui les emploient côté hollandais afin d’y récupérer leurs cadeaux. C’est là qu’une autre équipe de vendeurs prendra le relais. Elle tentera de leur faire acquérir le droit d'occuper chaque année une résidence pendant une durée déterminée. Le client du Timeshare ne devient pas propriétaire de parts dans un immeuble, mais il a simplement le droit, contre rémunération, de séjourner dans l’hébergement pour une durée déterminée chaque année. Ces transactions immobilières représentent une part considérable de l’activité économique de Sint Maarten. Selon les statistiques du ministère de l’économie et du tourisme de la partie hollandaise, l’activité aurait rapporté 2,65 millions de guilders (NAf) soit environ 1.150 000 $ de janvier à juin 2016 en Timeshare taxes - une taxe fixe de 50$ par semaine, payée par les clients du Timeshare, comprise dans leur redevance annuelle. 

Dans son courrier à la préfète, le résident d’Oyster Pond affirme à propos du raccolage effectué côté français : « Cette pratique est formellement interdite par la loi, d'autant qu'ils occupent le domaine public ou privé sans autorisation préalable des autorités ou des riverains. » Selon la direction de la concurrence et la répression des fraudes, cette pratique n’est pas illégale. « Mais comme toute activité commerciale, elle est soumise à des dispositions. » La vente du Timeshare en elle-même s’effectue côté hollandais et ne concerne donc pas les autorités françaises. Mais le démarchage sur la voie publique dans le but d’attirer des consommateurs implique une déclaration préalable au registre du commerce. Si les vendeurs ne détiennent pas le titre d’agent commercial ou de représentant ils commettent une infraction susceptible de déboucher sur des sanctions pénales relativement lourdes. Il peut être procédé également à la consignation des biens permettant l’exercice de leur activité (leur véhicule par exemple). En outre, les vendeurs doivent détenir une autorisation d’occupation du domaine public délivrée par le gestionnaire, qui est ici la COM. 

Malgré la visibilité des vendeurs de Timeshare, leur contrôle s'avère compliqué. Ils disparaitraient aussitôt qu’ils aperçoivent les autorités arriver. Mais à Oyster Pond, suite à la récurrence des plaintes, les gendarmes se sont déjà déplacés plusieurs fois et ont délivré des PV aux contrevenants, généralement une amende de 90€. Les contrôles devraient être renforcés en plus de la mise en place d'opérations ciblées. La préfète Anne Laubiès s’est saisie de l’affaire et étudie actuellement la suite qu’elle va y donner.

Pas sûr que cela suffise à calmer les résidents d’Oyster Pond qui demandent aux autorités de « les faire partir définitivement, afin de mettre fin à cette torture permanente ». En attendant, ils alimentent un site internet de photos de ces OPC’s que l’on peut voir assis à l’arrière de leur voiture, coffre ouvert, en train de manger un sandwich ou de fumer une cigarette.