Jérémy Huot, le zoukeur blanc polyglotte
Comment est née votre passion pour le zouk ?
J’ai toujours fréquenté beaucoup d’Africain(e)s et d’Antillais(es). Je n’allais qu’en boîte de zouk, c’est la seule chose que sache danser. A force c’est venu tout seul. J’ai finalisé tout ça en Guadeloupe et à Saint-Martin, où je suis arrivé il y a huit ans. Je n’ai pas attendu de découvrir Saint-Martin pour connaître la Guadeloupe puisque j’y vais en vacances depuis vingt ans. J’ai beaucoup appris avec mes profs de musique antillaise grâce à qui j’ai pu jouer en tant que guitariste pour des grands noms à Saint-Martin comme Rudy Levis, un des plus grands batteurs antillais. L’été dernier, je suis retourné en Guadeloupe pour faire du zouk et j’en ai profité pour aller jouer dans toutes les émissions de radio et de télé. J’ai aussi participé au festival du zouk 2015 comme chanteur et guitariste dans l'équipe de Rudy.
Vous avez étudié le violon pendant douze ans au conservatoire de Cergy, fait un peu de contrebasse, pris des cours de chant lyrique, et suivi une école de variété. Pourquoi être passé à la guitare ?
Je préfère la guitare. J’ai appris tout seul. En musique une fois que tu as les bases, c’est-à-dire la discipline quotidienne, c’est plus facile d’apprendre. Pour être musicien il faut être complet physiquement et mentalement et faire preuve d'endurance. Sinon tu te crames. C’est en tout cas ce que m’ont appris les grands que j’ai côtoyés.
Vous avez mis deux ans pour produire les 11 titres de She reigns. Pouvez-vous nous raconter la genèse de cet album ?
Tout a commencé avec le titre « Partir », une ballade composée il y a une quinzaine d’années et qui figurait sur mon premier opus « Partir avec moi », sorti en 2007. Un album pop mais qui comportait déjà des rythmes chaloupés et des sonorités métissées. Puis j’ai rencontré les frères Charbonnier. Un jour j’ai demandé à Jerry s’il pouvait mettre cette chanson en zouk. Il m’a fait quelques propositions puis je l'ai transposée. C’est le premier morceau qui m’a lancé sur les radios. Même si ce n’était pas mon premier zouk. J’ai ensuite été contacté par un label en Martinique. J’ai continué à travailler et j’ai fini par avoir une série de morceaux dans le même souffle et assez pour faire un album. J’écris, compose (pas que la mélodie mais aussi les harmonies et arrangements). Jerry Charbonnier mixe le tout. Sur cet album figure aussi le premier titre qu’on ait composé ensemble c’est pourquoi il la chante avec moi en featuring sous son nom de scène : Shaalkeen.
Vous vous produisez régulièrement sur les scènes de Saint-Martin et Sint Maarten, vivez-vous exclusivement de la musique ?
Côté français, je ne joue qu’au Mini Club tous les samedis (et quelques soirées exceptionnelles). Les ¾ de ma semaine je joue dans tous les hôtels Sonesta ainsi qu’au Porto Cupecoy. J’ai deux métiers, puisque je suis également professeur d’anglais à temps plein au collège Soualiga.
Être blanc et faire du zouk vous a causé des difficultés ?
Des difficultés, non ! Des surprises, oui ! J’ai l’impression d’avoir été parfois victime de blocages de la part de quelques DJ à Saint-Martin, mais je ne peux pas dire si c’est vraiment dû à ça. J’ai beaucoup plus de soutien en Guadeloupe et en Martinique. Après, ma couleur de peau est un sujet de blagues, mais moi j’en rigole. Si tu fais un truc à eux mais que tu le fais mal, c’est sûr qu’ils vont se moquer de toi. Alors je n’ai pas le droit à l’erreur, je suis obligé d’être rigoureux.
Dans votre album vous chantez à la fois en anglais, en français et en créole ? Parlez-vous créole ?
Oui je parle le créole de Guadeloupe mais pas aussi bien que je le voudrais. Je connais très bien la culture saint-martinoise mais je suis plus proche musicalement de la Guadeloupe. Je suis par ailleurs le seul dans les Caraïbes à faire la passerelle entre les trois îles. Mon album est produit en Martinique (sous le label Zouk Play d’Alain Ajax), enregistré en Guadeloupe et écrit à Saint-Martin.
Des projets ?
Je travaille sur un nouvel album qui parlera plus de philosphie de vie : détachement, engagement... Il sera plus chaud, plus sexuel. J'y chanterai plus en créole et moins en anglais.
Jérémy Huot organise une soirée spéciale pour célébrer la sortie de son album le vendredi 13 mai au Mini Club, à Marigot. Son CD est mis en vente à Hope Estate (salon de coiffure Ethnik, Buzz, Buro +) ainsi qu'à la salle de sport Le privilège et au Mini Club pour 15€/15$. Il est également disponible sur les plateformes iTunes et Spotify.