La Table, prix d'honneur du concours de l'innovation
Alexandre Chapelin s’est vu remettre le prix d’honneur du concours de l’innovation d’Initiative Saint-Martin Active vendredi dernier. Avec La Table, il redonne vie à des objets ou matériaux considérés comme morts en créant des tables œuvres d‘art uniques et sur mesure. Quadragénaire originaire de Nantes, il se définit comme un «épicurien aux multiples techniques». Sa société est née l’an dernier lors d’un dîner raté.
«L’idée m’est venue lors d’un repas avec des amis que j’avais invités chez moi et auquel je m’ennuyais. J’ai alors commencé à fixer les objets qui m’entouraient dans le but de trouver un sujet de conversation. Et j’ai réalisé que mes meubles n’allaient pas. Une fois les invités partis, j’ai continué à boire seul devant mon ordi. J’ai repensé à ma vie et tout ce que j’avais fait.» Après un BEP matériaux composites, un CAP de cuisinier, un diplôme de graphiste et décorateur, et avoir été gérant de bar et restaurant ainsi que DJ, il décide de créer une table avec des planches de bois sur laquelle on coulerait une résine.
Avec ce projet, il rassemble ainsi toutes ses compétences et expériences. Depuis la création, le procédé a évolué mais le principe est le même. Alexandre Chapelin travaille tout ce qui lui passe par la tête : bois, moteur de bateau usagé, marbre… qu’il garde brut ou qu’il décaisse à l’aide d’une machine à commande numérique. Il le dépose ensuite dans un moule en bois dans lequel il fait couler une résine d’inclusion étape par étape afin d’obtenir différentes couches. Hors commande spéciale, la totalité du marbre qu’il utilise depuis six mois provient d’Anguilla. Il achète les déchets de pierre inutilisables qui n’intéressent personne sinon lui, pour leurs cavités creusées par l’érosion en plusieurs milliers d’années. «On ne fait ni de l’art, ni du design, ni de la décoration, mais les trois à la fois» tient-il à préciser.
Un succès planétaire
Un tel travail nécessite infrastructure et logistique et ne pourrait pas se faire sans le designer Patrick Lapierre installé à Hope Estate chez qui sont fabriquées toutes les tables.«Je fabrique, je vends, je communique» avance Alexandre Chapelin, mais je ne pourrais rien faire sans lui. En effet, s’ils ont vendu deux tables à Saint-Martin et une à Saint-Barth, 85% sont exportées (et donc transportées) à l’étranger : Dubaï, Londres, Pékin… Son modèle phare, le Lagoon 55 est vendu 11 000 euros (HT et frais de transport en sus). Il reconnaît qu’à ce prix-là, il vise une clientèle haut de gamme mais regrette que des prêts à la consommation ne soient pas accordés pour l’achat d’œuvres d’art. «En France, le coût moyen des voitures neuves s’élève à 30 000 € alors que vous perdez 10 000 € dès lors que vous mettez la clé sur le contact. Je pense qu’il vaut mieux acheter une voiture à 20 000 € et mettre 10 000 € dans un table qui ne décotera pas» affirme-t-il.
S’il ne recevait qu’une demande de devis tous les six mois à ses débuts, il en est aujourd’hui à 50 par jour depuis décembre 2015. «J’ai eu un coup de sang avant le lancement d’un show room et j’ai commencé à faire parler de nous sur internet». Une opération com’ plutôt efficace puisque son compte Facebook compte aujourd’hui 10 000 followers, tandis que la vidéo dans laquelle il présente Patrick Lapierre et lui-même totalise plus de 22 000 vues. Des revues spécialisées aux sites internet, des dizaines d’articles sont consacrés à son invention. Un succès pour ce bosseur invétéré qui déclare travailler tous les jours de 5h à 23 h et cherche par ailleurs à employer un Business Development Manager. La tête sur les épaules, il est «hyper content» d’avoir remporté le prix de l’innovation à Saint-Martin : «ça fait du bien d’être reconnu là où on bosse et gagner ce concours était la priorité absolue avant de s’inscrire aux autres». La Table est en effet invitée à Londres au prochain concours de design des jeunes créateurs 2015.