Il frappe sa compagne parce qu’elle est sortie boire un verre sans lui demander l’autorisation
Le 1er décembre dernier, alors que M.D boit un verre à Grand Case avec ses amis, elle reçoit un appel de son compagnon, J.Y G, qui lui reproche d’être sortie sans le prévenir. Il la rappelle une deuxième fois pour l’accuser de parler avec d’autres garçons avant de venir la chercher au bar et la faire monter de force dans sa voiture puis de la frapper. La jeune fille porte plainte le lendemain. Un examen clinique mettra en évidence plusieurs hématomes sur ses bras, avant-bras et épaules, ainsi que des traces de morsures. Assise sur le siège passager elle a tenté de se protéger des coups que J.Y G lui assénait depuis la place conducteur.
« Quand je suis rentrée à la maison elle n’était pas là alors qu’elle avait dit qu’elle y serait » ne cesse de répéter le prévenu âgé de presque 23 ans, qui a choisi de se présenter à la barre du tribunal correctionnel sans avocat ce jeudi 9 mars. Quand le président du tribunal, Gérard Egron-Reverseau lui demande si c’était la première fois qu’il levait la main sur elle, J.Y G répond naturellement: « Non, parfois elle me demandait de la frapper alors je le faisais ». Il expliquera s’être séparée de sa compagne rapidement après les faits et reconnaîtra avoir fréquenté une autre jeune fille en même temps, avec laquelle il est toujours.
« Je suis sidérée par ce que j’entends » s’exclame maître Tissot qui représente la victime. La jeune fille, encore traumatisée, n’avait pas la force d’affronter son agresseur à l'audience. « Il tente de diminuer sa responsabilité en disant qu’elle l’aurait provoqué en sortant sans son autorisation, en refusant de monter dans sa voiture, voire aurait été en demande de coups ! » poursuit-elle. Pour elle il ne s’agit pas d’un moment de débordement ou d’un accès de violence suite à une dispute qui aurait mal tourné : « il s’est déplacé dans cette intention là » assure-t-elle. « Il ne s’agit pas d’une simple gifle (ce qui aurait déjà été condamnable) puisqu’il a fait usage de ses poings ! Heureusement que ma cliente a eu le réflexe de lui présenter son dos ». Elle relève également le fait que le prévenu ait mordu la victime qui se constitue partie civile et demande des dommages et intérêts au titre du préjudice corporel, moral et esthétique qu’il lui a fait subir.
Dans son réquisitoire, le vice-procureur Yves Paillard se dit également « surpris de la façon édulcorée dont le prévenu relate cette soirée. Il minimise beaucoup cet accès de colère qu’il pensait peut-être justifié mais on ne peut pas porter des coups sur une personne sous prétexte de jalousie ». Il explique par ailleurs que la violence exercée sur conjoint est un délit quel que soit le nombre de jours d’ITT (incapacité temporaire de travail). Compte tenu du fait que le jeune homme travaille comme cuisinier et est donc inséré professionnellement, et malgré une condamnation pour recel en décembre dernier, il propose une condamnation de trois mois assortis du sursis et d'un mois ferme, ainsi qu’une amende de 300 euros. Il précise que le prévenu peut purger sa peine avec un bracelet électronique pour continuer à travailler.
J.Y G. à qui la parole est donnée après le réquisitoire exprime simplement son inquiétude vis-à-vis de son travail. Le tribunal le condamne finalement à quatre mois de prison avec sursis. « C’est la première fois donc admettons qu’il s’agit d’un mouvement de colère, mais je ne veux pas vous voir revenir devant le tribunal pendant cinq ans pour un quelconque motif sinon vous paraîtrez en comparution immédiate et partirez pour Baie Mahault » le prévient Gérard Egron-Reverseau. Le tribunal reçoit par ailleurs la constitution de partie civile et condamne J.Y G à verser à sa victime 1500 euros au titre du pretium doloris, 1000 € pour le préjudice moral, 300 € pour le préjudice esthétique et 1000 € au titre de l’article 475.1. « Il s’agit d’une vraie sanction parce qu’il va falloir payer toutes ces sommes » poursuit le président du tribunal : « C’est cher pour un coup de colère ».