01.01.2016

Agression sexuelle d'un jeune handicapé : 2 ans de prison avec sursis à l'encontre d'un enseignant

Un homme âgé de 44 ans comparaissait pour agression sexuelle sur un jeune homme atteint d'un handicap mental.

C'était la première affaire ce matin que le tribunal correctionnel de Saint-Martin réuni en collégiale évoquait. Et son examen a plongé la salle d'audience dans un climat très pesant. Certains, s'ils avaient été impliqués, auraient sollicité le huis-clos. Un homme de 44 ans, enseignant au lycée des Îles du Nord, comparaissait pour avoir agressé sexuellement sur une plage, deux ans plus tôt, un jeune homme* considéré comme personne vulnérable car atteint d'un fort handicap mental. Les deux parties étaient présentes avec leur avocat. Le jeune était entouré de ses parents et d'amis, le prévenu d'un ami.
A la barre, le prévenu maintient la version qu'il a livrée aux enquêteurs**: il est catégorique, c'est le jeune garçon qui, «excité», est venu vers lui. Ce jour-ci, le prévenu est avec son compagnon de l'époque qui confirmera auprès des gendarmes ces faits. Mais pas plus. «Il [le jeune garçon] s'agitait autour de nous, il se faisait insistant, il était en érection», a-t-il confié. Cela l'a mis «mal à l'aise» et il est donc parti, laissant son ami seul sur la plage avec le jeune. «Nous nous sommes livrés à des jeux sexuels. Il était consentant», explique l'accusé à la barre, en réfutant les accusations d'une tentative de pénétration. «Il voulait une relation avec moi mais il n'en était pas question», confie celui qui, aujourd'hui, regrette d'avoir cédé et s'être laissé «entraîné» par le jeune à ces jeux.
Le prévenu affirme qu'il ne savait pas que le jeune garçon était handicapé mental. «Oui, il était simplet», admet-il. Alors que pour son ami de l'époque, ce handicap «sautait aux yeux» au bout de deux phrases. Et c'est ce qui lui est en partie reproché aujourd'hui, d'avoir voulu abuser d'une personne vulnérable. Des expertises psychiatriques ont été réalisées dans le cadre de l'enquête et ont effectivement avéré un fort handicap mental. Le jeune réagirait comme un garçon de quatre ans. Il ne sait ni lire, ni écrire. «Il ne ne sait pas lire l'heure», précise son avocate, maître Isabelle Lacassagne. Il rentre chez lui quand le soleil se couche. Il n'a aucune pudeur et aucun sens de la morale dans le domaine sexuel.
Afin de montrer au tribunal ce handicap mental, le jeune est sollicité à la barre par son conseil. Son intervention ne durera que quelques minutes. Maître Isabelle Lacassagne insiste sur cette incapacité à réfléchir, donc à pouvoir être consentant à avoir une telle relation sexuelle. De même les médecins ont affirmé que le jeune n'était pas capable d'élaborer un tel scénario, d'inventer une telle histoire. La partie civile demande 10 000 euros d'indemnités tous préjudices confondus, 5 000 euros pour la mère qui est le tuteur légal de son fils et 5 000 euros pour la victime.
De son côté, maître Luc Godefroy essaie de prouver que son client n'a pas abusé du garçon. Il précise que seul le sperme du jeune garçon est retrouvé. De plus, il considère que le comportement du garçon à la barre n'est pas significatif. «Vous n'avez pas le même comportement dans une audience publique au tribunal que sur une plage en maillot de bain.... Il est facile d'influencer une personne en lui posant des questions orientées», déclare l'avocat qui demande ainsi la relaxe au bénéfice du doute.
Ce qui ne convainc pas le parquet qui requiert une peine de deux ans de prison dont neuf assortis du sursis avec mise à l'épreuve comportant l'obligation de soins et d'entrer en contact avec la victime.
Après en avoir délibéré, le tribunal prononce une peine de deux ans de prison sursis et mise à l'épreuve durant trois ans comportant l'obligation de soins, d'indemniser la victime et l'interdiction d'entrer en contact avec la victime.
L'enseignant sera aussi inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles.

* Il n'était pas l'un de ses élèves.
** Les faits se sont produits le 22 novembre 2013 mais le prévenu n'a été identifié par la victime qu'en avril dernier. En effet, si le jeune garçon a su expliquer sa mère qu'un homme avait essayé de le pénétrer, il n'était pas capable de dire qui c'était. Aussi l'enquête a-t-elle piétiné jusqu'en avril dernier, lorsque le jeune garçon fait ses courses dans un supermarché avec sa mère et reconnaît l'homme. La mère recueillera des éléments qu'elle donnera aux gendarmes afin qu'ils puissent l'interpeller.

Estelle Gasnet