Deux ans de prison ferme pour avoir fait usage d’un pistolet automatique
Les faits sont relativement classiques en matière de délinquance et de violence à Saint-Martin. Un jeune de 27 ans, sort un pistolet automatique et tire sur celui qui l’a énervé et insulté. Sans le blesser toutefois.
Les faits se sont déroulés dimanche 15 mai lors de la fête à Saint-Louis. Le prévenu veut aller chercher des glaçons, prend alors une voiture mais veut sortir par l’entrée du parking. Aussi le vigile lui fait-il signe qu’il est à contre-sens. Visiblement, il ne comprend pas le message. Le ton monte entre les deux hommes. Une première insulte est lâchée. Suivie d’une seconde. Le conducteur est énervé par, soi-disant, le manque de respect du vigile à son égard. Il sort son arme et tire. L’angle de tir est différent selon les versions : en l’air selon l’auteur, vers la victime selon celle-ci qui aurait évité la balle en se poussant. Selon le mis en cause, c’était des balles à blanc. «Je voulais juste faire peur, qu’il ferme sa bouche», explique-t-il.
Pour autant, cette affaire est différente de celles que le tribunal a l’habitude d’examiner en raison du profil du tireur. L’auteur des coups de feu, François, est allé de lui-même se dénoncer à la gendarmerie le lendemain des faits. Il est considéré comme un «jeune remarquable, quelqu’un de formidable» embauché par une association d’insertion depuis presqu’un an. Son travail est reconnu et apprécié par tout le monde. Le dossier de l’enquête fait ressortir ses nombreuses qualités humaines. «Tout se passe bien pour lui. Il est dans cette logique d’aller aider les autres, de sortir les gens de la rue», note le vice-procureur Michaël Ohayon. Le prévenu se rend régulièrement dans les écoles et collèges pour donner l’exemple aux plus jeunes ; il travaille en collaboration avec les autorités.
DÉJÀ CONDAMNÉ PAR LA COUR D’ASSISES
«Il est l’image de la réinsertion», commente son employeur. François a purgé une peine de huit ans de prison. Il a été condamné en 2010 par la cour d’assises de Guadeloupe pour avoir commis des violences avec arme ayant entraîné la mort (mais sans intention de la donner). Il est sorti en mai 2015 avec un bracelet électronique qu’il a porté jusqu’en décembre. Il a été embauché par une association d’insertion.
A la barre, il est calme. Il ne s’énerve pas à mesure que les magistrats lui posent des questions comme peuvent le faire d’autres mis en cause. Au contraire. Il prend sur lui. Il ne cherche pas d’excuses. «Je sais que ce que j’ai fait est grave...», répète-t-il à plusieurs reprises. «Je suis sûr d’aller en prison», poursuit-il avant de s’excuser auprès de la victime en détournant son regard des juges vers elle.
«Il n’a pas le profil du délinquant que nous avons l’habitude de voir », commente Michaël Ohayon. «Quel gâchis !», s’autorise-t-il à dire. Mais, dans ses réquisitions, il «ne peut faire l’économie de son casier judiciaire et de la gravité des faits». Aussi requiert-il une peine de trois ans dont un an avec sursis et mise à l’épreuve durant deux ans avec l’obligation de travailler, de suivre des soins, de détenir une arme. Il demande également un mandat de dépôt.
MANDAT DE DÉPÔT ET TROIS ANS DE PRISON
C’est dans ce même état d’esprit que le tribunal a délibéré. Afin d’assurer «la crédibilité de l’institution au regard de la gravité des faits commis», les juges ont suivi les réquisitions du parquet. François a également l’interdiction de porter une arme. Une interdiction que le mis en cause respectera, cette fois-ci, a-t-il confié. «Quand on a une arme, on est tenté de s’en servir», a-t-il répondu à la magistrate qui lui avait demandé s’il ressortirait de nouveau armé. Dimanche dernier, François avait un pistolet car il se sentait menacé depuis la mort de son ami en février, lequel avait été tué sous ses yeux.