19.05.2017

Protéger les baleines à bosse, un enjeu transatlantique

Les gestionnaires de différentes aires marines protégées se sont réunis du 15 au 17 mai pour partager leurs connaissances sur la protection des baleines à bosse.

Une dizaine de gestionnaires d’aires marines protégées (AMP) se sont réunis pour la première fois à Saint-Martin du 15 au 17 mai. Au cours de ces trois jours d’atelier, ils ont pu partager leurs connaissances et expériences sur la protection des baleines à bosses dans leur pays (Cap Vert, Antilles, Pays-Bas, Etats-Unis, Bermudes…).

« Ce qui nous relie ce sont les couloirs de migration des baleines à bosse » avance Romain Renoux, correspondant du sanctuaire Agoa à Saint-Martin. Agoa (aire marine protégée dédiée aux mammifères marins dans les Antilles) hébergeait cet atelier de travail qui s’est déroulé principalement au Beach Hotel, en cette fin de saison de reproduction des baleines.

Chaque année, entre décembre et mai, les baleines à bosse viennent se reproduire dans les eaux de Saint-Martin. Mais pas seulement. En réalité, elles parcourent des milliers de kilomètres et se rendent à différents endroits. A priori, leur zone de nourrissage est concentrée dans l’Atlantique nord. Tandis que la zone tropicale correspond à leur zone de reproduction et de mise bas, elle-même divisée en deux : les Caraïbes à l’ouest, et la région de Cap Vert à l’est. Certains individus parcourent ainsi plus de 10 000 km lors de leurs migrations saisonnières.

« Si les mesures de protection ne sont pas prises dans chaque pays, le travail n’est pas complet » explique Francis Staub, expert pour la commission européenne. Ce projet de partenariat transatlantique des aires marines protégées est impulsé et financé par la commission européenne. L'UE et les autres pays membres partis à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique se sont engagés à protéger 10% de leurs zones marines et côtières grâce à la gestion efficace des aires marines protégées d'ici à 2020. Les AMP sont un outil important pour gérer et améliorer les écosystèmes marins tout en supervisant les activités humaines durables compatibles avec les objectifs de conservation.

Cependant, alors que leur nombre a augmenté rapidement dans le monde ces dernières années, de nombreuses AMP ciblées manquent d’objectifs de conservation clairs et de mesures de gestion efficaces faute de financement. Favoriser les échanges constitue donc un premier pas pour y remédier, comme en témoigne Liza Lima biologiste au ministère de l’environnement du Cap Vert : « Au Cap Vert nous entamons un plan de conservation basé sur des activités de surveillance et des campagnes de sensibilisation du grand public. Cet échange d’expériences pour voir ce que chacun fait est vraiment important ».

Ce projet transatlantique met en relation les AMP qui partagent les mêmes populations de baleines à bosse. Si l’on sait très peu de choses de ces mammifères marins, les connaissances sont en plus très inégales selon les aires marines. Les Bermudes et le Cap Vert ont par exemple très peu d’informations. L’objectif est donc de renforcer les capacités de ces acteurs. Les Açores, qui ont participé au séminaire via Skype, quant à eux très avancés sur la réglementation du « whale watching » (observation des baleines) ont ainsi pu transmettre leurs lignes directrices. Agoa et la Réserve naturelle de Saint-Martin ont pu présenter leurs différentes actions comme la pose de balises satellitaires (mission Megara) ainsi que, entre autres, l’installation de sondes qui permettent grâce aux sons émis par les mammifères, de déterminer les espèces présentes. Les ateliers ont également servi à établir la liste des actions à mener, les indicateurs scientifiques précis à développer et les outils de communication à déployer afin de sensibiliser les scolaires et le grand public.

Fanny Fontan