"La peur du gendarme" lui fait "péter les plombs"
Un homme, âgé de trente-sept ans, rentre chez lui à Cul de Sac au volant d’une voiture de location immatriculée en partie hollandaise, appartenant à la société de ses parents. Il n’a pas bouclé sa ceinture de sécurité, un détail que les motards ne manquent pas de remarquer lors de son passage dans le rond-point d’Hope Estate. Aussi le suivent-ils pour lui demander de s’arrêter. Au lieu de ralentir et de se garer, l’automobiliste accélère. Mais il est rattrapé quelques mètres plus loin. Là, les véhicules se retrouvent immobilisés au milieu de la chaussée car coincés par un embouteillage.
De nouveau, l’automobiliste refuse d’obtempérer. Il fait marche arrière sur une dizaine de mètres et repasse la marche avant, accélère et va percuter une des deux motos de la gendarmerie. «A quelques centimètres près, il aurait pu me blesser grièvement», note le motard dont le collègue a aussi été mis en danger. L’automobiliste est ainsi poursuivi pour refus d’obtempérer et mise en danger de la vie d’une personne dépositaire de l’ordre public.
Après avoir abîmé la moto, l’homme s’enfuit et se réfugie chez lui, à quelques centaines de mètres du lieu de l’incident. Ce qui lui vaut d’être aussi poursuivi pour délit de fuite.
A la barre du tribunal, la première question posée par le tribunal est : «pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté la première fois ?». Le prévenu répond : «parce que j’avais peur». «Peur de quoi ?... Des gendarmes ?», lui demande le magistrat. Il semble en effet qu’il ait paniqué.
Il s’est aussi dit apeuré à l’arrivée des gendarmes à son domicile quelques minutes après les faits. En effet, le prévenu est une personne connue dans le quartier et il n’a pas fallu longtemps aux gendarmes pour l’identifier et aller l’interpeller. Lorsque ceux-ci frappent à la porte, l’homme –pourtant derrière- n’ouvre pas. «J’étais là... mais j’avais peur », dit-il au juge, les bras branlants.
Les militaires sont entrés par force et une nouvelle altercation a éclaté. Et ainsi un troisième chef d’inculpation est retenu, celui de violences sur personnes dépositaires de l’ordre public.
UN COMPORTEMENT GÉNÉRAL RALENTI
La deuxième question posée par le magistrat est : «pourquoi avez-vous eu peur des gendarmes ?» L’homme n’arrive pas à répondre. Son avocat tente alors d’apporter certains éléments d’explications. «Mon client a eu un accident de scooter et depuis, il n’a pas l’intégralité de ses capacités», déclare-t-il tout en lisant deux observations issues d’un rapport d’un médecin, selon lesquelles son client souffre d’un «un état d’anxiété et d’un comportement général ralenti». Aussi le conseil aurait-il souhaité la pratique d’une analyse psychologique plus approfondie. «Quand il a vu les gendarmes, il a pété les plombs», affirme-t-il tout simplement.
Autres éléments jouant en la défaveur de l’automobiliste, il a été contrôlé aux produits stupéfiants (mais n’était pas sous leur emprise lorsqu’il conduisait) et il n’était pas titulaire d’un permis de conduire français ou européen, mais de Sint Maarten. Le vice-procureur a requis une peine de huit de mois de prison dont quatre assortis du sursis avec mise à l’épreuve durant huit mois et exécution provisoire, comportant l’obligation de se soigner et d’indemniser la victime. Le jugement a été mis en délibéré au 30 juin.
Le gendarme qui était sur la moto qui a été percutée, s'est constitué partie civile et a demandé 1000 euros de dommages et intérêts.