Violences sur mineurs : relaxe d’une assistante familiale
«Quand on vous dit Ariel lave plus blanc que blanc», répète trois fois maître André, «et bien vous finissez par y croire». Tel est l’argument avancé pour défendre sa cliente, une assistante familiale poursuivie pour violences sur deux enfants dont elle avait la garde, qui comparaissait la semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. «Ce ne sont que des accusations et rien d’autre… ce sont des paroles d’enfants», poursuit-elle.
Ces enfants, deux garçons âgés alors de six sept ans, ont accusé la personne chez qui ils avaient été placés, de les avoir battus avec un bâton et une ceinture. Ils ont aussi raconté qu’elle les avait frappés à la tête avec le talon de sa chaussure. Leur version a été corroborée par une fillette, elle aussi accueillie par cette assistante familiale.
Les faits remontent à 2012. Le parquet avait ouvert une enquête. L’institutrice avait été interrogée et avait expliqué que l’assistante familiale ne venait que très rarement aux réunions à l’école et que souvent les enfants n’avaient pas tout le matériel demandé. Les services sociaux de la Collectivité avaient aussi été saisis de l’affaire et avaient décidé de retirer les enfants et de les placer dans une autre famille d’accueil.
La prévenue est une femme âgée de cinquante ans résidant à Cul de Sac et originaire de République dominicaine. Elle est arrivée à Saint-Martin lorsqu’elle avait dix-neuf ans et avait commencé à travailler comme femme de ménage. Aujourd’hui, elle dirige la société de son mari, décédé. En parallèle, «n’ayant plus d’enfant chez elle», les siens étant grands, elle a décidé de devenir assistante familiale. Elle a ainsi obtenu l’agrément en 2005 et a accueilli des enfants jusqu’en 2012.
Les services sociaux n’ont toutefois pas suspendu ou retiré son agrément, si bien qu’elle perçoit toujours un salaire à hauteur de 914 euros par mois selon la réglementation. La Collectivité ne s’est pas non plus portée partie civile. Par contre les deux enfants étaient, comme le veut la loi, représentés par un administrateur ad hoc et par un avocat le jour de l’audience.
Le vice-procureur a requis une amende de 200 euros avec sursis et l’interdiction d’exercer toute activité en relation avec des mineurs durant cinq ans. Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement prononcé la relaxe en raison d’absence d’éléments matériels suffisants pour établir la culpabilité de l’assistante familiale.