«L’histoire du braqueur devenu braqué»
Incarcéré à Sint Maarten en attente d’une extradition pour les Etats-Unis, DC, 29 ans, comparaissait jeudi 29 juin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour une autre affaire. Dans le cadre de la convention de coopération judiciaire, les autorités néerlandaises ont accepté que le prévenu, escorté par les gendarmes, puisse assister à l’audience avant de repartir dans sa cellule à Pointe Blanche.
Comparaissait également DI, 25 ans, pour les mêmes faits de vol en réunion avec violence dans un local d’habitation. Chacun d’eux était représenté par un avocat. Les victimes étaient absentes à l’audience, elles sont incarcérées en Guadeloupe pour d’autres faits plus graves.
En mai 2016, le scooter de DL est volé et ce dernier soupçonne FL de lui avoir dérobé. Il le confronte puis s’invite dans sa voiture dans le but de lui demander de le rembourser. FL qui n’a pas assez d’argent sur lui, lui donne alors son arme en guise de paiement. Mais D.C se rend compte en sortant du véhicule que l’arme est factice et n’a donc aucune valeur, ce qui l’énerve. Quelques jours plus tard, DC accompagné cette fois de DI, se rend chez FL, rue de la République à Marigot pour obtenir réparation. Ils croisent SD, compère de F.L. Ils lui demandent de les conduire jusqu’à l’appartement de F.L. Une fois entrés, DC ligote les mains de SD. Assiste aussi à la scène, GC, une connaissance de FL qui sera mise à l’écart.
Pendant ce temps, FL dort. DC s’empare d’un couteau de cuisine qui traîne à côté de son lit et le réveille. Après avoir réussi à lui dérober 900 dollars, il le menace pour obtenir ses clés de voiture, une Mercedes que FL a payée en cash grâce aux fruits d’un braquage commis dix jours plus tôt à Howell center et lors duquel il a volé 30 000 dollars.
Bien qu’ils ne soient pas blessés, F.L et G.C portent ensuite plainte auprès de la gendarmerie.
«C’est l’histoire du braqueur, devenu braqué» ironise le vice-procureur Michaël Ohayon lors de son réquisitoire. Et d’ajouter «dans cette affaire il y a à boire et à manger» pour décrire à la fois les profils des victimes, bien connues des services de la justice, et les faits contextuels à ceux reprochés dans cette audience. Et en parlant de F.L : « ça a beau être un délinquant chevronné, cela n’autorise pas la commission de ce type d’actes, comme lui sortir un couteau de cuisine au saut du lit».
En l’absence de casier judiciaire, les deux prévenus sont accessibles au sursis. Le parquet requiert une peine de deux ans de prison à l’encontre de DC et de dix-huit mois de prison dont un an avec sursis à l’encontre de DI qualifié simplement de « suiveur ».
Après en avoir délibéré, le tribunal déclare les deux hommes coupables et décide de s’en tenir aux réquisitions. Il ajoute comme peine complémentaire, l’interdiction de détenir et transporter une arme pendant quinze ans.