Saison cyclonique : "Les prévisions de juin sont un peu plus pessimistes que celles d’avril"

Sur la période de référence 1981-2013, la moyenne de l'activité cyclonique sur le bassin Nord Atlantique est de douze tempêtes nommées dont six d’entre elles passent le stade ouragan et dont trois deviennent des ouragans majeurs.

Les prévisions d’activité cyclonique sont faites en fonction de trois principaux phénomènes de grande échelle. «Ces prévisions anticipent une saison cyclonique 2017 modérée, légèrement en dessus des normales des trente dernières années, annonce Météo France.

«La réactualisation de juin est un peu plus pessimiste que les prévisions d’avril, essentiellement en raison d’une grande incertitude sur l’intensité et le rôle du El Nino et d’un changement au niveau des températures de surface de l’océan qui font ressortir des anomalies chaudes dans les zones de naissance habituelles des cyclones », explique Météo France.

• Premier phénomène : l’oscillation australe El Nino ou ENSO pour El Nino Southern Oscillation

Pour estimer la probabilité de développement de cyclones entre le 1er juin et le 30 novembre, les prévisionnistes se basent notamment sur l’activité d’El Nino/La Nina en sachant qu’en phase El Nino, l’activité cyclonique est réduite, en phase La Nina, elle est supérieure aux normales.

Durant le second semestre 2016, des conditions d’un La Nina faible ont pré-dominé sur l'océan Pacifique tropical mais étaient rapidement revenues à des conditions ENSO neutres, rapportait en avril Météo France.

Les températures de l'océan Pacifique équatorial Est et centre avaient très largement augmenté entre la mi-novembre et la mi-février pour passer au-dessus de la normale depuis mi-janvier. Et «cette augmentation des températures est très souvent le signe avant-coureur du développement d'un épisode El Nino, même si celui-ci est assez différent de ce qui est généralement observé lors de ces épisodes depuis 1980», commentait Météo France. Toutefois suite aux récentes observations, la tendance au réchauffement superficiel de l'océan près des côtes sud-américaines s’est avérée moins prononcée depuis la mi-février.

En conclusion sur ce premier paramètre, même si la plupart des modèles continuent de plaider pour un épisode El Nino durant la deuxième moitié de l'année, cet épisode semble maintenant moins fort qu'initialement anticipé cette année, il subsiste toutefois une très grande incertitude.

• Deuxième phénomène : oscillation Nord Atlantique ou NAO pour North Atlantic Oscillation

«On observe actuellement un refroidissement significatif de l'Atlantique tropical et septentrional. Les alizés ont été soutenus sur l'Atlantique tropical durant le mois de mars, favorisant l'évaporation, les remontées d'eau froide (upweeling) et le refroidissement associé des températures océaniques », notait en avril Météo France pour qui il était difficile de savoir si ces anomalies fraîches de températures sur la zone préférentielle de cyclogénèse (naissance des cyclones) allaient persister au cours des prochains mois, en sachant que cette configuration n’était pas particulièrement favorable à une saison cyclonique active.

Depuis les températures de surface de l'océan Atlantique se sont anormalement réchauffées en avril et en mai. Cette nouvelle configuration plaide pour une saison active.

L'Oscillation Nord-Atlantique, qu'est-ce-que c'est ?

L'oscillation nord-atlantique est un phénomène atmosphérique et océanique qui concerne principalement l'Atlantique Nord.

On parle d'oscillation parce qu'il y a un va-et-vient, dans la direction Nord-Sud, d'air au-dessus des régions arctiques et islandaises vers la ceinture subtropicale près des Açores et de la péninsule ibérique. Ce va-et-vient de masse a pour conséquences :

- des changements de la pression au sol (donc de l'intensité et de la position de l'anticyclone des Açores et des dépressions d'Islande et de Sibérie), de telle façon que quand la pression est plus élevée dans la ceinture subtropicale, elle est moins élevée au pôle, et réciproquement (comme un balancier) ;

- des variations des vents d'ouest moyens ;

- des influences sur le climat (températures, précipitations) tout autour du bassin atlantique, et tout particulièrement sur l'Europe.

- L'oscillation nord-atlantique est souvent caractérisée par un indice, l'indice NAO. (Source : Ifremer)

• Troisième phénomène : oscillation Atlantique multidécennale ou OAM

L’oscillation atlantique multidécennale (OAM) est une variation de la température de la surface de la mer dans l’Atlantique Nord soustrayant la variation linéaire due au réchauffement climatique. Elle est observée durant plusieurs décennies. Depuis 2013, les chiffres suggèrent le passage à un cycle de faible activité.

En conséquence, en liaison avec un épisode El Nino 2017 moins fort et plus incertain qu'initialement anticipé et un réchauffement de l'océan Atlantique tropical, les institutions anticipent une saison cyclonique 2017 proche ou légèrement supérieure aux normales des 30 dernières années. Cette révision des prévisions représente une augmentation de l'activité prévue par rapport aux précédentes publiées mi-mai.

Toutefois, il convient de rappeler l'incertitude des prévisions saisonnières est assez importante et qu'un seul cyclone suffit pour impacter fortement un territoire. La préparation et le suivi doivent être identiques quelle que soit l'activité prévue de la saison

Téléchargez notre spécial cyclone actualisé en fonction des dernières prévisions : 0817_soualiga_post_cyclone_web.pdf