Hôpital : comment les patients ont été pris en charge durant la crise
Le plan Orsec cyclone a été activé au centre hospitalier Louis-Constant Fleming à l’approche d’Irma. Il s’est agi de sécuriser l’établissement, d’enlever tour autour les déchets qui pouvaient être des projectiles, de fermer les volets, etc.
En parallèle, il a fallu gérer les patients hospitalisés. «Une grande partie de ceux qui étaient aptes à rentrer chez eux, sont sortis», explique le directeur adjoint Christophe Blanchard. L’évacuation sanitaire des patients dans un état plus grave a été demandée mais pour diverses raisons, elle n’a pu se faire. Notamment, les pilotes d’avion ont estimé trop grand le risque de voler en raison des vents. Mardi soir, il y avait donc encore vingt-deux patients au centre hospitalier (plus treize en service psychiatrie). Ils ont été transférés au bloc opératoire, soit «la zone de repli», la zone la plus protégée n’ayant aucun accès sur l’extérieur. «Durant l’œil, nous les avons descendus au niveau de la zone de pharmacie où ils sont restés quarante-huit heures », précise le directeur adjoint. La trentaine d’agents hospitaliers qui étaient présents la nuit, étaient avec eux. «Il n’y a eu aucune panique», souligne le docteur Linet, chef des urgences.
Irma passée, les premiers dégâts sont constatés : toits arrachés, infiltrations d’eau, etc. Les agents s’emploient aussitôt à nettoyer et préparer l’hôpital à sa réouverture. «Nous avons été prêts à rouvrir à 13 heures et les premiers blessés sont arrivés», raconte le docteur Linet. «Ils ne sont pas arrivés en masse mais de manière progressive. Le mercredi, nous avons vu cinquante-quatre personnes. Il ne s’agissait pas de grosses pathologies, c’était surtout des blessures suite à des éclats de verre, nous avons fait beaucoup de sutures», poursuit-il. Les patients vont continuer de se rendre aux urgences à un rythme soutenu durant plusieurs semaines. «Après les blessés, nous avons accueilli les personnes qui n’avaient plus de médicaments pour leur diabète, qui n’avaient plus d’oxygène, etc.», complète-t-il. Cet afflux avait été anticipé et un stock de médicaments avait été fait. Un accord avec le grossiste Laborex avait été conclu également. Au total, en cinq semaines, 4 630 passages ont été enregistrés aux urgences. «C’est trois fois plus qu’en temps normal», commente-t-il.
«L’activité a été très intense. Nous avons rapidement reçu des renforts en médecins et infirmiers ce qui nous a permis d’opérer des rotations», admet le directeur adjoint qui tient à remercier l’ensemble de son personnel. «C’était difficile car nous étions nous mêmes sinistrés à titre personnel, mais tout le monde a été très impliqué», précise-t-il.
De quatre-vingt-dix lits, la capacité d’accueil est passée à dix-sept lits. De nouvelles évacuations ont dû être organisées. La première journée, 108 ont été réalisées via les vols militaires. «Mais ce n’était pas facile. D’une part nous ne savions pas à quelle heure arrivaient les avions et ils repartaient aussitôt ! D’autre part, l’état des routes était tel qu’il nous fallait du temps pour aller à Grand Case. Nous avons dû transporter des patients avec nos propres véhicules », raconte le docteur Linet qui regrette un manque de coordination à ce niveau.
Autre difficulté à laquelle la direction a dû faire face : le manque d’eau. «Nous sommes restés deux jours sans eau», confie Christophe Blanchard. Les 140 mètres cubes stockés dans des deux bâches ont été rapidement consommés et une partie s’est écoulée suite aux dégâts. «Très vite, nous avons été rapprovisionnés», note-t-il. «Par contre, grâce à notre chef, nous n’avons pas manqué de nourriture ! », souligne-t-il.
Enfin, un heureux événement s’est produit dans la nuit du mardi à mercredi. À 23h50 est née une petite fille.
Aujourd’hui, la capacité d’accueil du centre hospitalier est de vingt-sept lits. Elle devrait être portée à quarante et un la semaine prochaine.
A suivre :
la reprise progressive du fonctionnement de l’hôpital