Une "expérience unique" pour Mélissa, Tony et Cyril
«Au lendemain du passage d’Irma, j’ai cherché à voir s’il était possible de partir à Saint-Martin pour aller aider via La Croix Rouge ou d’autres organismes similaires», raconte Melissa, jeune étudiante en anglais en Corse. «Mais on ne cherchait que des infirmiers, etc… », poursuit-elle. Sa déception n’a toutefois été que de courte durée. Le jour de sa rentrée en fac, elle reçoit un courriel « urgent», un appel à volontaires de la réserve de gendarmerie au sein de laquelle elle est engagée depuis mai 2016. Elle a aussitôt envoyé sa candidature.
Melissa fait ainsi partie de la deuxième compagnie dépêchée à Saint-Martin le 26 octobre ; la première étant arrivée un mois plus tôt. Au total ce sont soixante-treize réservistes qui ont été retenus pour partir sur les huit cents gendarmes qui ont postulé. «C’est un honneur d’avoir été retenue», confie-t-elle en remerciant ses supérieurs de l’avoir choisie.
Sur le terrain, elle est, le jour où nous la rencontrons, positionnée au rond-point d’Agrément à Marigot aux côtés de Tony et Cyril qu’elle a rencontrés pour la première fois en arrivant à Saint-Martin. Tony est de Carcassonne et Cyril de Montpellier. Tous les trois ne se connaissaient pas mais ont été animés par cette envie d’aller «servir et d’aider la population sinistrée».
Pour eux, c’est «un vrai engagement». «Une nouvelle expérience», voire une expérience «unique». C’est en effet la première fois qu’un tel appel à volontaires en outre-mer est organisé. Cyril avait postulé avec sa compagne, elle aussi réserviste. «Mais elle n’a pas été retenue», confie-t-il. Afin de pouvoir bénéficier de «cette expérience unique», il est tout de même parti seul. Tony, lui, en a discuté avec sa compagne et future épouse. «Nous allons nous marier à mon retour. Envoyer ma candidature a été une décision que nous avons prise à deux. Me laisser partir est aussi un fort engagement de sa part», admet-il.
La mission des réservistes est de mener des actions de prévention de proximité jour et nuit. Placés sour l’autorité du lieutenant-colonel Sébastien Manzoni, ils sont répartis par secteurs afin que l’ensemble de la partie française soit couverte. «Nous sommes là pour faire de la surveillance. La population se sent rassurée», expliquent-ils. «Si une voiture nous paraît suspecte, nous l’arrêtons et procédons au contrôle du véhicule et de son conducteur», poursuivent-ils. Ils sont aussi autorisés par le parquet à procéder à des fouilles. C’est ainsi que vendredi dernier une autre équipe à Hope Estate a découvert dans une voiture des lunettes et montrées volées lors de pillages lors d’une opération de lutte contre la délinquance.
Les conditions de travail et d’hébergement difficiles, ils les connaissaient avant de partir. «On nous l’avait dit, on s’était préparés, on savait à quoi s’attendre», soulignent-ils. Tony et Cyril ont aussi l’habitude de patrouiller dans des quartiers difficiles dans leur ville. Donc pour eux leur mission à Saint-Martin n’est pas plus délicate.
Néanmoins, ils affirment avoir été frappés par «l’ampleur des dégâts et la détresse de la population». «Nous avions vu les images à la télévision mais le voir en vrai est totalement différent», assurent-ils. «Mais beaucoup de gens restent optimistes. Par exemple, nous avons parlé avec un couple qui vivait sur un bateau qui a été entièrement détruit. Le mari a dit à sa femme, on a perdu notre bateau mais nous, nous sommes en vie, c’est le plus important», rapporte Mélissa, touchée. «Ce type d’expérience permet de prendre du recul», conçoit-elle.
Mélissa, Tony et Cyril quitteront Saint-Martin dans trois mois.