Trois Anguillais gagnent au casino et achètent du cannabis
Il est 21h25 le 11 juillet dernier, lorsque leur voiture de location arrive au niveau d’un contrôle de gendarmerie. Le conducteur ouvre la fenêtre ; se dégagent alors «une forte odeur de cannabis et un nuage de fumée», noteront les militaires dans leur rapport. Ces derniers décident de procéder au contrôle de la voiture et de ses trois occupants.
L’un tend immédiatement un pochon contenant 10 grammes de cannabis. Un autre est en possession de deux sachets de 28 grammes chacun. Au pied du troisième seront découverts 445 grammes. Les trois individus sont natifs et résident à Anguilla. Ils sont musicien, chef cuisinier et marin pêcheur. Ils sont venus passer la journée à Saint-Martin pour se divertir. Ils devaient reprendre le ferry le soir mais pour x raison, ils l’ont loupé. Ils sont allés jouer au casino et ont gagné plusieurs centaines de dollars. Ce sera leur argument pour justifier la détention de cannabis et d’espèces sur eux ; 1 100 dollars ont été trouvés sur l’un d’eux.
Ils sont tous les trois poursuivis en justice pour détention, usage, transport et tentative de revente de produits stupéfiants. À la barre du tribunal, le musicien et le cuisinier affirment que le cannabis en leur possession – soit respectivement 56 et 10 grammes - était pour leur consommation personnelle, qu’ils avaient profité d’avoir gagné au casino pour en acheter en partie hollandaise et le ramener à Anguilla. Ils prétendent ignorer qu’en transporter et en détenir en France était interdit. Ils disent qu’à Anguilla, c’est aussi interdit mais que la police est tolérante et préfère se focaliser sur la lutte contre les armes.
Le troisième individu, le pêcheur, a davantage de mal à convaincre les juges. Il avait 445 grammes sur lui ainsi que 3 480 petits sachets en plastique. Pour les gendarmes, il est un revendeur. Lui nie. «Je suis souvent en mer et j’en emmène à chaque fois… Les sachets étaient vendus en lot pour 5 dollars, ils étaient destinés à conditionner les doses pour les emmener en mer», explique-t-il. «Vous êtes prévoyant ! », commente le magistrat.
Leur avocat insiste sur la culture rasta pour les défendre. «Ils ne consomment pas d’alcool, ils sont végétariens, ils fument du cannabis comme d’autres fument des cigarettes. Ils ont tous les trois un métier et n’ont pas le profil de trafiquant. Ils ne vivent pas au-dessus de leurs moyens», plaide-t-il.
Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé le musicien et le chef cuisinier des chefs de tentative de revente mais les a condamnés à une peine de trois mois de prison avec sursis pour usage, détention et transport. Quant au pêcheur, il a été reconnu coupable de tous les chefs et écope d’une peine de quatre mois de prison avec sursis. L’ensemble des scellés (argent liquide et cannabis) a été confisqué.