Se baigner à Saint-Martin comporte-t-il des risques sanitaires ?
Les différentes casses et pannes répertoriées sur les réseaux d’assainissement et les stations d’épuration inquiètent une partie de la population. Par un arrêté du 30 janvier 2018, le président de la COM levait l’interdiction de baignade conséquente au passage des ouragans Irma et Maria sur neuf plages supplémentaires de Saint-Martin*. Au total, quatorze plages sont donc déclarées sans risque sanitaire en partie française.
Pourtant la presse rapportait en janvier dernier que certaines compagnies de croisières qui accostent côté hollandais déconseillaient aux vacanciers de se rendre en partie française. Kate Richardson, directrice de l’office de tourisme rétorque : «la France est le pays qui protège le plus ses visiteurs. On est un pays qui a des règles.»
L’Agence régionale de santé (ARS) effectue en moyenne une série de prélèvements par mois sur les plages que liste la COM pour leur fréquentation, à laquelle vient d’ailleurs d’être ajoutée celle de Coralita. La recherche bactériologique est ensuite réalisée par l’institut Pasteur en Guadeloupe qui vérifie si le taux de bactéries correspond aux normes européennes. Il communique ensuite les résultats à la COM qui étudie aussi d’autres critères, comme l’accessibilité des plages avant de décider si telle ou telle plage est conforme à la baignade. Les résultats sont affichés généralement sur des panneaux à l’entrée des plages.
Pour qu’une eau de baignade soit qualifiée de « bonne qualité », il faut que les taux d’Escherichia coli soient compris entre 100 et 1000 mg/100ML et que ceux des streptocoques fécaux soient inférieurs à 370MG/100mL. Pour les E.coli, «on est loin d’être aux 100», affirme Raymond Rozas, directeur adjoint de l’ARS Saint-Martin. Quant aux streptocoques fécaux, «on est aussi en dessous», ajoute-t-il. En somme, sur les quatorze points contrôlés, les taux sont en-dessous de ce que peuvent détecter les appareils.
«La qualité de l’eau peut-être soumise à des variations notamment après des pluies abondantes où elle va être momentanément polluée», explique Raymond Rozas. «Après de fortes pluies le sol est lessivé et l’eau du sol contamine les plages. Heureusement à Saint-Martin l’eau s’infiltre directement dans le sable avant d’atteindre la mer. , précise-t-il. Et d’ajouter : « Ce qui nous intéresse, c’est une tendance. Il faut savoir interpréter un résultat. Un échantillon n’est qu’un résultat ponctuel, il faut plusieurs résultats pour avoir une idée».
Selon lui, le plus gros risque concernant les eaux de baignade après Irma, n’était pas bactériologique. C’est surtout les débris et autres épaves qui constituaient un danger pour les baigneurs. Tout de même, la seule plage qui a inquiété l’agence, était celle de la Baie orientale où les eaux usées sont directement versées dans la mer. L’ARS s’est ainsi attelée à faire des prélèvements aux endroits les plus critiques. Et là encore, les résultats ne présentaient aucun signe de pollution bactériologique. Pas si étonnant entre les courants et la longueur de la plage. «Et puis la mer a naturellement le pouvoir d’atténuer la charge de pollution», relève-t-il.
Les eaux de baignade sont donc bactériologiquement propres selon l’ARS qui encourage tout de même les baigneurs à faire preuve de bon sens et à s’éloigner des sources de pollution évidente ainsi qu’à continuer à interdire l’accès des plages aux chiens dont les excréments sont parfois porteurs de vers qui se transmettent à l’homme.
*La baignade est désormais autorisée sur 14 plages : Petite Plage, Grande Caye Nord, Grande Caye Sud, Baie Orientale Nord, Baie de l’Embouchure Nord, Baie de l’Embouchure Sud, Baie longue, Baie aux prunes et Baie rouge, Friar's Bay et Grand Case (depuis le 9 octobre), ainsi que Galisbay, Anse Marcel et Baie orientale sud (depuis le 18 octobre).