Vol à la BDAF : le parquet demande un complément d'information
Dans la nuit du 21 au 22 juin dernier, trois individus ont cambriolé le distributeur automatique de la BDAF situé à Hope Estate. Ils se sont introduits par effraction dans le local après avoir forcé la porte et débranché tous les câbles électriques (électricité et caméra de surveillance). Une fois à l'intérieur, ils ont forcé le coffre-fort et dérobé plusieurs dizaines de milliers d'euros. Ce n'est que le lendemain matin que les faits seront constatés.
Dans l'action, les auteurs du vol, au nombre de trois selon les gendarmes, ont oublié dans le local un sac à dos à l'intérieur duquel se trouve une lampe frontale et un tournevis. Des prélèvements sont effectués et un ADN est identifié, celui d'un jeune de vingt ans domicilié à Grand Case.
Celui-ci était convoqué ce matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. Il s'est présenté seul, sans avocat. Il affirme ne pas être impliqué dans ce cambriolage. Il explique en effet avoir été à Saint-Barthélemy assister à un concert d'Admiral T avec trois autres personnes en bateau à l'occasion de la fête de la musique. Il convainc difficilement le tribunal car il n'est en mesure d'indiquer ni les identités précises des personnes qui l'ont accompagné, ni leurs coordonnées téléphoniques et ni le nom du bateau. Il ne peut non plus justifier de dépenses d'hébergement ou autres, il a dormi sur la plage.
Son argumentation justifiant la présence de son ADN sur la lampe frontale est elle aussi peu persuasive. Il admet bien avoir utilisé l'objet, mais dans d'autres circonstances. Quelques jours plus tôt, il réparait sa voiture dans la rue à Grand Case et avait besoin d'une lampe. Comme il n'en avait pas, il a alors demandé à un «Guadeloupéen qui passait par hasard dans la rue» s'il en avait une. Par chance, celui-ci en possédait une qu'il est allé chercher. Là aussi, le prévenu est incapable de donner le nom du «Guadeloupéen».
De plus, à la barre, le jeune homme se contredit. Aux gendarmes, selon le procès-verbal, il a précisé et affirmé n'avoir touché la lampe qu'avec «les doigts». Or, ce matin, aux magistrats, il a confié avoir mis la lampe sur son front lors de la réparation de la voiture.
Autant d'imprécisions qui incitent le parquet à demander un complément d'enquête. Mais le vice-procureur considère surtout que le manque d'information concerne un autre élément du dossier, celui lié à deux autres ADN identifiés sur un tiroir-caisse retrouvé avec une cagoule à Quartier d'Orléans sept semaines après le vol. Les deux ADN ne correspondent à aucun nom dans la base du fichier français. Michaël Ohayon voudrait alors interroger la base de Sint Maarten en sollicitant les autorités hollandaises.
Le jeune homme de Grand Case risque plusieurs années de prison s'il est impliqué dans le cambriolage. Aussi le vice-procureur veut-il avoir l'assurance de certains faits avant de faire ses réquisitions.
Le tribunal accepte la demande de complément d'enquête. L'affaire est ainsi renvoyée au 23 juin l'année prochaine.