Dix-huit mois de prison ferme pour avoir transporté 2,4 kg de cocaïne
Mettre des feuilles de plomb pour dissimuler la drogue dans son bagage à soute, plomb qui allait forcément faire sonner le détecteur lors du contrôle à l’aéroport, est une preuve que son client ne savait pas comment transporter de la drogue en avion, a plaidé maître Lacassagne. Son client, KS, métropolitain de trente ans, était poursuivi pour acquisition, détention et transport de 2,4 kg de cocaïne (avec emballage).
Il a été arrêté mardi dernier à l’aéroport de Grand Case alors qu’il rentrait en métropole via la Guadeloupe et la Martinique. Il a été placé en garde à vue pendant trente-six heures avant de comparaître ce matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin en comparution immédiate.
KS était arrivé à Saint-Martin en 2007. Il a travaillé dans la restauration à Saint-Barth et a acheté en 2012 une entreprise qui vend des logiciels pour tracer les voitures. L’été dernier, il avait négocié la vente de sa société avec une personne de la partie hollandaise ; la transaction devait avoir lieu mi-septembre mais a été annulée à cause d’Irma.
Sa compagne, enceinte, a quitté le territoire deux jours après l’ouragan. Il l’a rejointe quelques semaines plus tard. Avec leur bébé de cinq mois, ils vivent chez sa mère dans les Deux-Sèvres. En mars de cette année, KS est revenu à Saint-Martin pour conclure la vente, mais une fois arrivé, le potentiel acheteur s’est rétracté. «Le ciel lui est tombé sur la tête. Il s’était endetté pour acheter l’entreprise, il a vécu Irma, il a des problèmes d’argent. Il avait toujours beaucoup travaillé», a expliqué son avocate. Et pour rembourser ses dettes, «il a choisi la facilité», a commenté pour sa part le vice-procureur, Michaël Ohayon.
KS a fait le choix d’acheter de la cocaïne pour un montant de 8 000 euros pour la revendre en métropole. Il a alors pris contact avec son réseau, notamment un dealer à Sint Maarten. «En ayant vécu dix ans à Saint-Martin, on sait où acheter la drogue», dit-il aux magistrats. KS a été lui-même «un très, très gros consommateur» et se faisait deux, trois rails par jour. Cependant, depuis son retour en métropole, il confie avoir arrêté de consommer.
KS explique aussi qu’il a décidé d’acheter de la drogue très rapidement, à tel point qu’il n’avait pas encore planifié sa revente. Il espérait toutefois pouvoir la revendre 30 euros le gramme.
«C’est un opportuniste, il n’a pas d’antécédent, pas de casier judiciaire. Il aurait pu choisir un autre avenir… Il a choisi la facilité et il doit être sanctionné. Cela doit aussi permettre d’envoyer un message à ceux qui pensent venir à Saint-Martin pour acheter de la drogue et l’envoyer en métropole », a déclaré le vice-procureur qui a requis une peine de trois ans de prison dont dix-huit mois assortis du sursis, une interdiction de séjour à Saint-Martin pendant cinq ans et un mandat de dépôt.
«Mon client était conscient qu’il s’engageait dans une voie illégale… Mais c’est une erreur de jeunesse» a insisté maître Lacassagne. «C’est un délinquant pas un trafiquant. L’envoyer en prison en Guadeloupe, c’est l’envoyer avec ceux qui savent conditionner la drogue et qui sauront lui montrer comment faire», a-t-elle poursuivi. Elle a demandé aux juges de prononcer une peine de prison avec sursis, un placement sous contrôle judiciaire qui puisse lui permettre de rentrer en métropole.
Après en avoir délibéré, le tribunal a rendu un jugement quasiment conforme aux réquisitions ; seule la confiscation de l’argent saisi n’a pas été retenue. KS est donc condamné à une peine de trois ans de prison dont dix-huit mois assorti du sursis mise à l’épreuve comportant l’obligation de soins. KS est interdit de séjour à Saint-Martin et Saint-Barthélemy pendant cinq ans. Un mandat de dépôt a été prononcé, il prendra l’avion cet après-midi pour être incarcéré en Guadeloupe.
Son beau-frère qui voyageait avec lui le 15 mai, avait aussi été interpellé mais a été mis hors de cause. Il était présent à l'audience.