Quatre mois de prison ferme pour avoir frappé son frère avec une épée
Ce n’est pas la première fois qu’une telle affaire se présente devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. Un homme est accusé d’avoir frappé son frère pour des raisons relativement floues et dans un contexte familial très compliqué.
Les faits pour lesquels DC dit G, 31 ans, comparaît mercredi 30 mai, se sont produits cinq jours plus tôt. Vendredi vers 8 heures dans la cour de l’immeuble où ils habitent avec leur mère à Quartier d’Orléans, il porte un coup d’épée à son frère aîné, JLC. Il le blesse au bras gauche. Ce dernier a une ITT de 45 jours. DC s’est rendu de lui-même à la gendarmerie l’après-midi. Il a été placé en garde à vue et en détention provisoire.
A la barre du tribunal, DC soutenu uniquement par son avocat, explique que son frère le menace. Il aurait déjà tiré à deux reprises sur sa personne, «il y a un impact de balle dans le mur», précise-t-il. Il aurait déposé plainte mais aucune suite n’a été donnée à son histoire. Il dit que son frère a un «45» et qu’il lui «a promis une balle dans la tête», mais il n’a jamais vu l’arme.
En revanche le frère aîné a assuré aux enquêteurs avoir déjà vu dans la chambre de DC une épée comme celle qu’il a utilisée vendredi dernier. L’épée n’a par contre pas été retrouvée par les gendarmes.
«Incontestablement il y a un conflit entre les deux frères», note le président du tribunal qui appelle le grand frère à témoigner. Il n’est pas assisté par un avocat mais est soutenu par une partie de la douzaine de personnes présentes dans la salle d’audience.
Sa version des faits est la même que celle de DC à la seule différence que les sujets sont inversés. Ce vendredi matin, JLC dit avoir demandé à son cousin de dire à DC de partir, d’arrêter d’insulter et de menacer leur mère. DC dit, lui, que c’est JLC qui menaçait leur mère. Et qu’il s’est défendu avec l’épée avant qu’il ne l’attaque.
Entendue par les gendarmes, la mère a affirmé n’avoir entendu ce matin aucune menace et a confirmé que ses deux fils ne se sont jamais entendus.
Dans sa plaidoirie, l’avocate de DC met en avant le contexte familial hyper violent dans lequel la famille a évolué. La sœur a notamment témoigné des coups violents de leur père qui était un cracké. Elle a aussi raconté que ses deux frères se sont déjà plusieurs fois battus.
L'avocate a aussi relevé que le frère aîné avait été impliqué dans plusieurs affaires de violence depuis sa sortie de prison en 2014 alors que son client n’a que deux mentions à son casier judiciaire dont une pour conduite sans permis et seconde pour violence «mais qui remonte à treize ans».
«Le contexte est difficile mais la violence n’est pas acceptable », admet en revanche le vice-procureur Yves Paillard. «Les deux sont capables de transgresser la loi et aujourd’hui c’est DC qui l’a fait. Il dit avoir agi par légitime défense préventive… je le frappe avant qu’il ne me frappe, je le tue avant qu’il ne me tue… C’est la spirale de la violence», a-t-il commenté avant de requérir une peine de huit mois de prison dont quatre assortis du sursis. Il demande le maintien en détention de DC et une interdiction de détenir une arme soumise à autorisation durant cinq ans.
Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé un jugement conforme aux réquisitions en ajoutant une mise à l’épreuve durant trois années avec pour obligation de suivre des soins, de fixer sa résidence ailleurs que chez sa mère et de travailler, et une interdiction d’entrer en contact avec la victime.
Après l’audience, DC a été transféré en prison en Guadeloupe.