« Mettre des mots sur les maux »
L’association La Couronne – Espace intergénérationnel, qui œuvre notamment au maintien du lien social rassemble chaque premier jeudi du mois des personnes âgées principalement, mais aussi des plus jeunes, autour d’un atelier thématique.
Apprendre à bien vivre son âge, découvrir les jardins thérapeutiques, apprendre à utiliser l’outil informatique, préparer son départ à la retraite…sont tant de sujets qui visent principalement à trouver des astuces pour mieux vieillir chez soi tout en développant des liens intergénérationnels.
Au-delà des conseils qu’ils y trouvent, les membres de l’association ont surtout l’occasion de sortir de l’isolement en se retrouvant autour d’un moment convivial, et d’échanger. Ils partagent leur ressenti sur l’évolution de l’île, les problèmes de la jeunesse et tentent, ensemble, de trouver, à leur niveau, des solutions à des situations quotidiennes dont ils sont témoins. « Je me rappelle qu’avant ici il y a avait de la canne, du sel, et que l’on fabriquait du savon. C’est dommage que Saint-Martin ait laissé tomber le sel, car cela fait partie de notre patrimoine, et on aurait pu exporter » se souvient l’une d’entre eux.
Avant Irma, ces rencontres été organisées à la médiathèque, détruite par l’ouragan . La rencontre mensuelle de ce mois de septembre s’est déroulée jeudi dernier, le 6, dans une salle mise à disposition par la COM à l’ancienne école Evelina Halley. Une date particulière qui a défini le thème de l’atelier : « mettre des mots sur les maux, et des couleurs sur les douleurs ». Marie-Pierre Bajazet Jacob, naturopathe et art thérapeute, présidente de l’association, a invité les participants, dont deux élues (Sofia Carti et Anette Philips) à verbaliser leurs souffrances enfouies, en cet anniversaire du passage dévastateur d’Irma. Munie de feutres et d’un bout de carton, elle a, au fur et à mesure des témoignages, écrit les mots qui symbolisaient les émotions de chacun.
«Je n’ai pas réussi à dormir. Depuis 5h30 j’ai pleuré toute la matinée. J’ai pensé à Irma. À la souffrance que nous subissons encore » confie une dame qui vient juste de ré emménager dans sa maison depuis le cyclone. Tous décident de faire une minute de silence pour rendre hommage aux onze personnes décédées. « Déprime. Ça dure encore car je ressens la souffrance de tout le monde » ajoute une deuxième dame. « Fatigue. J’avoue que depuis hier je suis épuisée. Je n’ai pas pu dormir » témoigne une autre. Mais aussi « espoir et renouveau » propose un des deux hommes présents.
Il faut à présent laisser la salle à une autre association dont les locaux ont été détruits par Irma. Le temps presse et il faut se dépêcher pour que chacun ait le temps d’ajouter de la couleur sur ces douleurs désormais transcrites. Alors, à tour de rôle et dans la hâte, on fait un petit dessin sur le carton. Puis chacun rentre chez soi après avoir remercié Marie-Pierre et en ayant déjà hâte de se retrouver le mois suivant pour un prochain atelier.