30.01.2019

Un an de prison pour avoir menacé son ex avec une arme

Le prévenu qui a également menacé l'oncle et le nouvel ami de la jeune femme était présenté en comparution immédiate ce mercredi 30 janvier.

Jeudi 24 janvier, aux alentours de 23h30, J-L.C se rend à Cul de Sac chez son ex compagne, J.I. « Je voulais lui dire d’arrêter de saigner ma carte bleue » explique le prévenu qui était présenté ce mercredi 30 janvier devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin en comparution immédiate.

J.I vit chez son oncle, H-R. D. Ce soir-là ils sont allés au cinéma avec B.W, le nouveau compagnon de la jeune femme. Ils sont rentrés à Cul de Sac depuis quelques minutes, lorsque J-L.C surgit dans la cour. C’est B.W qui l’aperçoit le premier. J-L.C l’interpelle à travers la fenêtre depuis l’extérieur alors que B.W entre dans la salle de bains. « C’est toi B. ? C’est avec toi que ma femme me rend cocu ? ». B.W ne connaît pas J-L.C alors il va réveiller J.I. Lorsqu’elle réalise qui se trouve dans la cour, elle va réveiller son oncle. Il se lève et sort dans la cour armé d’une tringle à rideau en métal. « J’ai vu qu’il avait un pistolet dans la main qu’il tenait le long de sa jambe alors je l’ai tapé avec ma barre de fer. J-L.C s’est mis à pointer son arme sur moi et à me menacer, puis il a tiré » rapporte H-R. D. Par chance, l’arme a dû s’enrailler puisqu’aucune balle n’en est sortie.

A quelques mètres de là, sur le pas de la porte, J.I observe la scène en empêchant son nouveau compagnon de sortir. Lorsqu’elle se rend compte que J-L.C a une arme et qu’il la pointe sur son oncle, elle demande à B.W d’aller chercher son téléphone pour appeler les gendarmes. Elle attend que quelqu’un décroche lorsque J-L.C s’approche pointe son arme vers eux, ordonne à B.W de sortir et crie : « je sais que tu habites à Colebay je vais venir te tuer ». Puis ils entendent un coup de feu, le voient se regarder le pied avant de s’enfuir en courant, puis s’arrêter à nouveau près de la route pour regarder sa jambe avec de la lumière, et se remettre à courir en direction de sa voiture.

Même si J-L.C maintient le contraire, il vient de se tirer une balle dans la jambe. Les conclusions du médecin légiste sont formelles : le tir est vertical et en contact direct. Le prévenu accuse les trois autres de lui avoir tiré dessus. Mais le constat médico-légal infirme cette version. De même, il ne convainc pas le tribunal lorsqu’il explique qu’une fois blessé il a préféré rentrer d’abord chez lui à Quartier d’Orléans pour trouver de l’aide plutôt que d’aller directement à l’hôpital.

Même si les enquêteurs ne l'ont pas retrouvée, il reconnaît avoir porté une arme « qui ne marche pas bien ». Il explique la détenir pour se défendre car depuis une bagarre avec son frère survenue quelques années plus tôt et au cours de laquelle il a eu un nerf de la main gauche sectionné par une machette, il a un handicap au bras gauche et ne peut donc affronter trois personnes tout seul. Toutefois depuis le box des accusés il assure : « je suis venu calmement, en paix ». Il voulait dire à J.I d’arrêter d’utiliser sa carte bleue pour effectuer des achats en ligne. L’oncle de la jeune femme a du mal à y croire : « quand on vient chez les gens au milieu de la nuit avec une arme on cherche les ennuis ».

A 33 ans, J-L.C est entrepreneur en bâtiment et emploie trois salariés. Il est père de trois enfants, tous de mères différentes. Il est en couple avec la maman du dernier, qui habite en Guadeloupe et devait le rejoindre à Saint-Martin à la fin de la semaine. J_L.C a par ailleurs un casier judiciaire bien fourni et a déjà fait de la prison pour des faits de violences notamment. Il n’est toutefois pas en récidive légale.

« Je suis assez étonné que Monsieur C. se présente comme une victime » avance le vice-procureur qui considère que les déclarations du prévenu « dépassent l’entendement ». Selon lui, plusieurs éléments prouvent que les faits sont établis et l’infraction caractérisée : le dossier médical, les déclarations des victimes, la douille retrouvée près de là où se trouvait le prévenu dans la cour des victimes, mais aussi un enregistrement téléphonique dans lequel on entend la cousine de J-L.C dire à J.I, un peu plus de 24 heures après les faits : « mon putain de crétin de cousin s’est tiré une balle dans le pied ». « A Saint-Martin malheureusement trop d’habitants se baladent avec une arme à feu et en font régulièrement usage » regrette le représentant du ministère public. Même s’il n’y a pas de blessé à part le prévenu lui-même, la peine encourue est importante. Il estime que J-L.C est dangereux et réclame la fermeté du tribunal avant de requérir deux ans de prison et le maintien en détention.

L’avocate de la défense tente de démontrer les incohérences entre les différentes versions des victimes, J.I ayant menti quant à l’usage de la barre de fer de H-R.D sur J-L.C lors de sa première audition par les gendarmes. Elle essaie aussi de convaincre le tribunal que J.I ayant reçu un appel avant le cinéma d’un inconnu lui demandant où elle était, s’attendait à la visite de J-L.C et aurait pu se procurer une arme. Enfin, selon elle, et sans remettre en cause le rapport du légiste, il est plausible que J-L.C ait reçu une balle en fuyant. Les victimes ont fait l’objet de prélèvements pour voir si elles avaient des résidus de poudre sur les mains ou les vêtements mais les résultats ne seront pas disponibles avant huit mois.

Après en avoir délibéré, le tribunal déclare le prévenu coupable et le condamne à un an de prison avec maintien en détention. Il doit indemniser les victimes, constituées partie civile, à hauteur de 1000 euros chacune. Enfin il lui est interdit de détenir une arme soumise à autorisation pendant cinq ans.

Fanny Fontan