Affaire de corruption : payer quelqu'un pour avoir un document ne les a pas choqués
Parmi les seize prévenus impliqués dans l’affaire de corruption au sein du service des étrangers de la préfecture examinée par la justice, figurent une Saint-Martinoise – l’agent accusée d’avoir été corrompue- et quinze ressortissants étrangers. Onze d’entre eux étaient convoqués jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin, quatre le seront en juin suite à un renvoi de leur affaire.
A part une femme, tous ont été assistés d’un avocat grâce à l’aide juridictionnelle. Ils ont entre 30 et 55 ans en moyenne et sont originaires de République dominicaine, Sainte-Lucie et Haïti. Ils sont tous arrivés il y a plusieurs années sur l’île via l’aéroport Juliana munis d’un visa pour la partie hollandaise et ont effectué les démarches pour obtenir un titre de séjour côté français. Certains ont été régularisés, d’autres non.
Parmi ceux qui ont été régularisés se trouvent les intermédiaires, ceux qui indiquaient à leurs compatriotes qu’ils connaissaient quelqu’un en préfecture capable de faire avancer leur dossier de carte de séjour. NBL est l’un des deux principaux intermédiaires et a reconnu avoir touché de l’argent. Quant aux étrangers illégaux, la plupart sont des femmes employées comme femme de ménage.
«Cette affaire est comme une pyramide avec à sa tête, l’instigatrice, une entreprise très organisée, au centre les intermédiaires avec un comportement actif, et à la base la majorité des prévenus, le petit peuple pour reprendre les mots du vice-procureur», a commenté l’un des avocats. Tout comme ses confrères, ils estiment que leurs clients ont été abusés. «Certes ils reconnaissent avoir payé pour obtenir un titre de séjour» mais ils en avaient besoin pour diverses raisons. Ils estiment qu’ils sont «victimes d’un système bien organisé, lucratif».
Si au début de l’enquête, leurs clients refusaient d’admettre la manière dont ils ont obtenu leur récépissé ou carte de séjour, au final, ils l’ont admis. «Et cela ne vous a pas choqué de devoir payer pour obtenir un document ? » leur a demandé la juge. «Non car en République dominicaine, c’est une pratique courante», ont-ils répondu.
Les avocats ont en outre insisté sur la confiance que leurs clients avaient en les intermédiaires et en l’agent en préfecture dont ils ont souligné le caractère souvent «méchant, méprisant» à l’accueil. «On investit pas une telle somme si on n’est pas sûr du résultats», ont-ils répété. D’autant plus qu’il ne s’agissait d’obtenir qu’un récépissé dans un premier temps.
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