Huit mois de prison pour un voleur récidiviste
V.R, 47 ans, était présenté en comparution immédiate mercredi 3 avril devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour avoir volé avec effraction 152 montures de lunettes chez un opticien de la rue Kennedy ainsi qu’un smartphone, le 15 janvier dernier. Il a accepté d’être jugé le jour même et n’a pas demandé de délai comme la loi le lui permet, pour préparer sa défense.
V.R s’est introduit dans le magasin à 6 heures du matin, après avoir arraché le volet mécanique et brisé la vitre à l’arrière de la boutique. Il s’est coupé lors de l’éclat de celle-ci, et a laissé des traces de sang sur les murs en quittant les lieux qui ont permis aux enquêteurs de retrouver son ADN. Son casier judiciaire comportant 17 condamnations, la plupart relevant de stupéfiants et de vols, il a été facilement identifié et interpellé le 30 mars.
Lors de sa fouille, les gendarmes ont trouvé sur lui le smartphone volé dans le magasin. Il a nié les faits dans un premier temps, mais a fini par les reconnaître lorsqu’on l’a informé que son ADN avait été prélevé sur les lieux. « Ce n’était pas prémédité. J’étais à côté en train de fumer du crack quand j’ai vu que ce serait facile. Je n’ai pas eu besoin de forcer » explique-t-il depuis le box des accusés. En revanche, il conteste la quantité de lunettes volées.
Si la partie civile, représentée par une avocate, estime son préjudice matériel à plus de 15 000 euros pour 152 montures, lui parle de 51 : « j’étais tout seul avec un sac trouvé sur les lieux. Cinquante pièces c’est déjà beaucoup et je suis parti précipitamment ». Il indique les avoir revendues « à droite et à gauche » pour 10 ou 15 dollars chacune, afin d’acheter « à manger et de la drogue ». Son avocat se dit par ailleurs étonné que la part de remboursement des assurances ne soit pas soustraite à ce montant et émet « des réserves sur le fait qu’on réclame plus de choses » que ce qui a réellement été volé.
Titulaire d’un CAP mécanique et d’un Bac Pro comptabilité, V.R a travaillé dans plusieurs domaines avant de s’installer à Saint-Martin en 2000 où il exerçait le métier de mécanicien bateau. Il raconte avoir tenu le coup un moment après la mort de sa compagne quelques années plus tôt puis lâché, et est devenu SDF en 2004 après avoir perdu son emploi.
Rentré en métropole en 2014, le natif des Ardennes est revenu à Saint-Martin après Irma pour chercher du travail. Poly toxicomane, il prend du Subutex (traitement substitutif à l’héroïne) et consomme du crack. Il est inapte au travail physique à cause d’un problème au cœur mais ne suit plus son traitement depuis deux ans car cela « mange [ses] articulations ».
En état de récidive légale suite à une condamnation en 2017 pour des faits identiques par le tribunal de Charleville, il implore la clémence du tribunal et affirme avoir trouvé un emploi d’aide couvreur. « J’ai fait une bêtise. J’aimerais changer de vie. Je dois commencer à travailler la semaine prochaine. » déclare-t-il.
Le vice-procureur a du mal à y croire : « il nous dit ce qu’on a envie d’entendre. Comme si un SDF cracké allait signer un contrat demain dans le contexte du marché de l’emploi actuel ». Pour le ministère public, cette comparution immédiate était importante « pour protéger l’ordre public et les commerces de Saint-Martin qui n’ont pas besoin d’un spécialiste du vol comme Monsieur R. ». « Nous n’avons pas envie de crackés dans les rues, subventionnés par le RSA, qui cassent et volent les magasins qui ont déjà du mal à se remettre d’Irma et de la faible reprise du tourisme ». Il requiert douze mois de prison et le maintien en détention.
Après en avoir délibéré, le tribunal condamne V.R à huit mois de prison et ordonne le maintien en détention. Un renvoi sur intérêt civil a été demandé pour la victime, la gérante du magasin, qui réclamait 15 588 euros pour le préjudice matériel, 5000 pour le préjudice moral et 1000 euros au titre de l’article 475-1 (remboursement des frais d’avocat).
Commentaires
étrange condamnation
étrange condamnation
la prison mais ce n est pas cela il fallait le renvoyer en métropole dans un Etablissement spécialisé pour essayer de le désintoxiquer