Saison de ponte des tortues marines : la Réserve cherche des écovolontaires
Chaque année, entre mars et octobre, trois espèces de tortues marines (luth, verte et imbriquée) viennent pondre sur les plages de Saint-Martin.
Depuis 2009, la Réserve naturelle de Saint-Martin coordonne un réseau local d’écovolontaires formés pour réaliser annuellement un suivi standardisé des activités de ponte sur les sites identifiés. L’objectif principal du suivi des pontes est la caractérisation annuelle des populations de tortues marines nidifiant sur le territoire français de Saint-Martin (en et hors réserve).
Il s‘agit aussi de dresser un état des lieux annuel des pontes de tortues luth, imbriquées et vertes, ainsi que de reporter d’éventuelles observations des autres espèces moins représentées comme les tortues caouanne et olivâtre.
La Réserve naturelle organisait vendredi 19 avril au restaurant L'Etage, sa première réunion de la saison afin d’organiser le suivi des pontes 2019, qui a compté près d’une cinquantaine de participants. L’occasion également de faire le bilan du suivi 2018.
En 2018, les quelque 133 écovolontaires inscrits ont réalisé 163 des 288 patrouilles sur dix sites. 104 traces d’activités de ponte ont pu être relevées, dont 49 de la nuit précédente, pour un taux de réussite de 49%. Les tortues vertes ont encore été les plus actives avec 61 traces, contre 35 pour les tortues imbriquées et aucune pour les tortues luth.
Les sites de Baie longue, Baie aux prunes, Baie rouge et Baie Blanche (Tintamare) restent les plus fréquentés. Ils totalisent 95% des traces observées, particulièrement par les tortues vertes.
« Ce constat reconduit d’année en année, réaffirme l’importance du travail de sensibilisation et de veille pour la préservation de la qualité des sites de ponte situés hors réserve et plus particulièrement aux Terres Basses » indique Julien Chalifour, responsable du pôle scientifique de la Réserve, dans le rapport « Suivi des pontes de tortues marines à Saint-Martin : Saison 2018 ».
Depuis 2009, le nombre de traces de ponte observées apparaît croissant. Cependant la Réserve observe une diminution depuis 2016. Un constat à mettre en relation avec la diminution du nombre de patrouilles sur cette même période. Et à relativiser au regard des conséquences encore perceptible du cyclone Irma.
La saison 2018 est marquée par un pic d’activité enregistré en août. C’était déjà le cas en 2017, d’où la destruction probable de la plupart des oeufs, encore dans le sable au moment du passage d’Irma. Les impacts du cyclone sont multiples et ont encore perturbé la saison 2018 notamment à cause d’atteintes aux sites de ponte.
Dans son journal trimestriel d’avril 2019, la Réserve rapporte avoir été auditionnée par la gendarmerie qui a sollicité son expertise dans le cadre de plusieurs procédures en cours impliquant des travaux sur certaines plages, notamment aux Terres Basses, afin d’estimer les dommages que ces travaux ont pu occasionner aux sites de ponte des tortues marines. « Le contexte de reconstruction post Irma a parfois incité les propriétaires de parcelles en bord de mer à ériger des murs le long du rivage sans tenir compte qu’ils mettaient en péril la reproduction des tortues marines en détruisant leur habitat naturel » peut-on lire.
La réserve rappelle que « les contrevenants s’exposent à des poursuites qui peuvent entraîner la saisie des matériels et engins ayant servi à commettre l’infraction ».
Pour la saison des pontes 2019, La Réserve souhaite pérenniser son réseau local d’écovolontaires et invite les personnes motivées à la contacter (par mail : science@rnsm.org ou tel : 0690 34 77 10). Concrètement, il s'agit de lui communiquer ses disponibilités (environ une heure par semaine), et elle établit un planning afin que chacun des dix sites soit vérifié au minimum deux fois par semaine. Une fois sur place, les "patrouilleurs" munis d'un carnet et d'un appareil photo, remontent la totalité de la plage dans un sens puis dans l'autre, en bord de mer puis en haut de plage, à la recherche de traces. Ils font ensuite un rapport par mail au coordinateur dans lequel ils estiment la fraîcheur de la trace, l'espèce concernée, et la cotation de la ponte, en joignant des photos.
La Réserve estime par ailleurs qu’une campagne de diagnostic post Irma des sites de ponte devra être opérée afin de suivre l’évolution de ces derniers au regard des résultats 2015-2018.
En outre, depuis janvier 2019 au moins six tortues ont été victimes d’une collision avec une embarcation. « Sachant qu’une seule tortue sur 1000 aura la chance d’atteindre l’âge adulte, 20 à 25 ans après son éclosion, il est primordial de réduire la vitesse des bateaux, mais aussi des jets skis, notamment aux abords des côtes et des herbiers, zone d’alimentation des tortues marines. Les collisions avec les engins à moteur et le braconnage représentent les deux premières causes de mortalité des tortues marines à Saint-Martin » précise la Réserve dans son journal trimestriel.