21.05.2019

La mortalité par suicide à Saint-Martin presque deux fois supérieure à la moyenne nationale

Des taux à interpréter avec précaution au regard du nombre très faible de décès répertoriés sur le territoire et la période observée : 18 entre 2013 et 2015.  

« Les collectivités d’outre-mer (COM) de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy présentent des taux de mortalité par suicide parmi les plus élevés du territoire national » avance le docteur Jessica Lacroix, médecin de santé publique à l’ARS dans l’édito du bulletin de santé publique sur les conduites suicidaires publié par l’ARS de Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin en mars dernier. Avant de relativiser : « au regard du nombre très faible de décès répertoriés dans ces territoires sur la période d’étude, ces taux sont à interpréter avec précaution. Des analyses complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces premières tendances ».

L’étude a été menée à partir de trois sources de données : la mortalité par suicide (CépiDc-Inserm) en 2015 de la population des 10 ans et plus et résidente dans la région, les séjours hospitaliers pour tentative de suicide en 2017, les passages aux urgences pour tentatives de suicide dans les structures adhérant au dispositif Oscour en 2017.

À Saint-Martin, entre 2013-2015, 18 décès par suicide ont été enregistrés ; les hommes représentaient près de 9 suicides sur dix (89%) observés sur cette période. En rapportant le nombre de suicides identifiés en 2015 à la population résidente de Saint-Martin et âgée de plus de dix ans, on obtient 27,2 suicides/100000hab, soit presque 50% supérieure à la mortalité suicidaire nationale. 

L’étude souligne tout de même que ces taux concernent un nombre brut de décès très faibles (inférieur à 10 par an à Saint-Martin) « ne permettant pas une analyse fine par respect du secret statistique ». Ils peuvent varier de manière considérable en fonction d’un décès de plus ou de moins répertoriés sur une année donnée au vu du de la faible densité du territoire. Ces taux sont donc à interpréter avec prudence.

Comme au niveau national, le premier mode de suicide enregistré entre 2013 et 2015 à Saint-Martin était la pendaison (72,2%), les autres modes de suicide identifiés étaient l’auto-intoxication par d’autres produits (11,1%), l’auto intoxication médicamenteuse, le saut dans le vide, et l’utilisation d’une arme à feu (5,6% respectivement pour les trois modes).

Des taux d’hospitalisation pour tentative de suicide parmi les plus faibles de France

Si Saint-Martin et Saint-Barthélemy présentaient les taux de mortalité par suicide parmi les plus élevés de France* ils avaient en revanche les taux d’hospitalisations pour tentatives de suicide (TS) les plus faibles de France après Mayotte et la Guadeloupe.

Concernant les hospitalisations pour tentative de suicide, entre 2008 et 2017, sept séjours en moyenne chaque année ont été enregistrés à Saint-Martin. Sur cette période, huit hospitalisations sur dix ont été prises en charges à l’hôpital Louis Constant Fleming, les autres ont eu lieu au CHU de Pointe à Pitre ou dans d’autres structures de métropole.

En 2017, les taux d’hospitalisation standardisés pour TS chez les résidents âgés de 10 ans et plus à Saint-Martin (30,6 pour 100000) se situaient largement en-dessous du taux national (148,0 pour 100000 habitants).

Comme observé à l’échelle nationale, les hospitalisations pour TS à Saint-Martin entre  2015 et 2017 concernaient majoritairement les femmes (65%). A Saint-Martin le taux d’hospitalisation pour TS le plus élevé concernait les hommes âgés de 75 à 79 ans. Contrairement aux hommes, les hospitalisations pour TS chez les femmes concernaient la quasi-totalité des classes d’âges, excepté au-delà de 70 ans, avec des taux d’hospitalisations variant entre 0 et 24,7/100000.

Les intoxications médicamenteuses volontaires (IMV) constituaient le mode le plus fréquent des séjours hospitaliers pour TS enregistrés entre 2015 et 2017 à Saint- Martin(41,4%). Les autres modes de TS identifiés concernaient l’auto-intoxication par d’autres produits. Des lésions par objet tranchant ont concerné deux TS à Saint-Martin au cours de la période.  Aucun décès n’a été rapporté à l’issue des 29 hospitalisations pour TS recensées Saint-Martin de 2015 à 2017.

La majorité des hospitalisations pour TS a fait l’objet d’un passage aux urgences en amont (86,2%) et quelques unes directement à partir de leur domicile(13,8%). Un retour à domicile a été observé à l’issue du séjour dans la quasi-totalité des cas 86,2%. Le deuxième mode de sortie était le transfert vers une unité de soins de courte durée (13,8% à Saint-Martin).

La durée médiane des séjours était de deux jours à Saint-Martin, tous âges confondus.

Fanny Fontan