A 62 ans, il cède à «la tentation» et part en prison

Avoir «mis [sa] bouche sur [son] sexe» est le seul fait que SM reconnaît avoir eu à l’égard de SS. SM est un homme résidant à grand Case et âgé aujourd'hui de 63 ans. Il vit avec la grand-mère de SS, une jeune fille qui va avoir dix-huit ans cette année. Mais au moment des faits, elle est mineure. Le 23 décembre dernier, elle dépose plainte à la gendarmerie avec sa mère suite aux agressions sexuelles dont elle a été victime par le compagnon de sa grand-mère. Cette dernière sera placée en garde à vue mais pas poursuivie contrairement à son compagnon qui a comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin le 27 juin dernier.

L’adolescente, absente à l’audience, explique que SM la prenait en photo sous la douche et qu’ensuite il se masturbait en regardant la photo, qu’il «mettait sa bouche sur son sexe », qu’il a «mis son doigt dans son vagin» et qu’il a avec eu une «relation sexuelle complète avec un préservatif» sans son consentement. Et c’est suite à ce rapport qu’elle a décidé de déposer plainte.

Elle a expliqué que sa grand-mère était au courant de ce qui se passait sous son toit mais gardait le silence car SM construisait la maison de sa fille ; sa fille – soit la mère de SS – a de son côté assuré aux enquêteurs que sa mère l’avait fait venir de Jamaïque quand elle était jeune pour «se prostituer» à Saint-Martin, précisément pour coucher avec des hommes qui lui rendaient des services.

Lorsque SS appelle sa grand-mère pour lui raconter que SM a couché avec elle, celle-ci ne la croit pour une simple raison : SM est impuissant suite à des problèmes de prostate. «Cela fait trois que nous n’avons plus de relations sexuelles et nous faisons chambre à part», a-t-elle indiqué aux gendarmes. SS a confirmé que SM avait pourtant "éjaculé dans le préservatif en elle".

De son côté, SM a d’abord nié tous les faits dont il était accusé avant d’en admettre un après deux jours de garde à vue, celui donc d’avoir embrassé son sexe. Et de s’en justifier à la barre du tribunal : «elle me tentait… Elle se promène toujours toute nue dans la maison», raconte-t-il. «Et vous avez cédé à la tentation ! », lui répond, consternée, la présidente du tribunal. «N’y avait-il pas autre chose que de céder à la tentation ? », insiste-t-elle. «Oui… J’ai craqué, je n’aurais pas dû», reconnaît-il mais en précisant que c’est SS qui lui avait demandé de venir. Selon lui, elle était dans sa chambre sur son lit et l’a appelé.

Ce qui intrigue dans l’affaire les enquêteurs est le fait que SM donne régulièrement de l’argent à l’adolescente pour s’acheter des affaires (vêtements, téléphone, tablette, etc.) mais aussi pour aller à l’école. La grand-mère le confirme. Si les gendarmes ont ainsi supposé qu’il achetait son silence, SM le dément. «Mon client aide tout le monde ! Il donnait de l’argent à SM quand elle le demandait, quand elle en avait besoin», fait remarquer son avocat. A noter que SM est agent de maintenance dans un établissement public et possède cinq appartements qu’il loue.

Pour le conseil, le dossier est révélateur d’un contexte de «misère» qui a «favorisé la dilution des mœurs». «Mon client le reconnaît, il a posé sa bouche sur son sexe, il en est désolé. Poser sa bouche est le pire qu’il pouvait faire car il est impuissant», a-t-il ajouté.

Le vice-procureur a requis une peine de quatre ans de prison, un mandat de dépôt ainsi qu’un suivi socio-judiciaire durant cinq ans et deux ans de prison si le suivi n’est pas respecté.

Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé une peine trois ans d’emprisonnement ferme et un mandat de dépôt. SM a donc été transféré après l’audience en Guadeloupe. Il sera aussi inscrit au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles.

Fin mai, un homme de soixante et onze ans avait été condamné à cinq ans de prison ferme et mandat de dépôt pour agressions sur mineure par le même tribunal.