Le Manteau : plus de besoins, moins de moyens
La misère n’est pas toujours moins pénible au soleil. A Saint-Martin on ne meurt pas de froid. Ce qui explique peut-être la pénurie de centres d’hébergement. Mais la pauvreté est bien là. Créée en 1998 après le passage de l’ouragan Luis, l’association Le Manteau demeure l’unique refuge des personnes les plus démunies. « On satisfait les besoins primaires : manger, dormir, se doucher », explique Audrey Gil, la directrice du CHRS*.
En 2006, l’association est habilitée pour l’accueil de jour et de nuit. Les hommes sont alors hébergés à l’étage et les femmes dans l’ancienne buanderie. Mais les locaux – l’ancien hôpital mis à disposition par la Collectivité - ne sont pas aux normes pour continuer un accueil mixte. La direction décide alors en 2014 de n’héberger que les femmes et leurs enfants, jugés plus vulnérables dans la rue que les hommes. A Concordia, un espace «écoute» est mis à la disposition des femmes victimes de violences, avec une permanence tous les jeudi de 10h à midi.
L’accueil de jour reste quant à lui ouvert à tous. En plus de repas (petit-déjeuner et déjeuner) préparés sur place, de douches, de vêtements propres, et d’un service de blanchisserie, l’association propose différents ateliers gratuits : informatique, jardinage, cuisine, activités pour enfants et aide aux devoirs.
256 PERSONNES ACCUEILLIES EN 2014
Les douze salariés du Manteau ont accueilli 256 personnes en 2014, contre 181 en 2013. En une année, l’association a servi 30% de déjeuners en plus. D’une manière générale, tous les secteurs ont augmenté, notamment les entretiens sociaux et les attestations de domiciliation - ils sont nombreux à habiter des endroits insalubres et non-déclarés.
Qu’il s’agisse d’un accroissement de la précarité ou de confiance en l’association, le résultat est le même : la multiplication des besoins, pas des moyens. L’association est subventionnée par l’Etat, reçoit de l’aide de quelques fondations (Rottary, Lion’s club, Walichi) et vit de dons alimentaires (Super U, Leader Price et Carrefour Market, et deux églises de l’île). Mais cela ne suffit pas. «Il faut trouver des coupes budgétaires», regrette Audrey Gil. En plus d’une diminution de sa masse salariale et d’un mois de fermeture en 2014 faute de budget, l’association doit désormais faire participer les usagers : «On demande entre un et deux euros par personne et par nuit, selon qu’elle travaille ou non, et un dollar pour le service de laverie». Depuis octobre 2015, les habitants du côté hollandais ne sont plus acceptés.
Le Manteau se serre la ceinture et espère de nouveaux financements en 2016 afin de réaliser différents projets. «On devrait proposer douze lits courant mars, contre huit actuellement», affirme la directrice qui souhaite par ailleurs développer des ateliers de relaxation, de parole et de danse avec des psychologues et psychomotriciennes. «On essaie de mettre l’accent sur l’insertion professionnelle. Mais souvent, il y a beaucoup de choses à travailler avant».
Réapprendre à manger assis, à ressentir le besoin de se laver, à respecter des horaires… long est le chemin de la réinsertion. «On a les idées, les compétences et les projets. Tout fonctionnerait très bien si on avait de l’argent».
* Centre d’hébergement et de réinsertion sociale
Commentaires
Attention ! En 2006, l'étage
Attention ! En 2006, l'étage de l'établissement était squatté à 100%, TOUT le batiment, donc inexploitable. L'association "Le Manteau de Saint Martin" occupait alors ce que l'on appelait encore le sous-sol de cet ancien hôpital.
Merci.
Emmanuel SALLEE, salarié de l'association.