Le poulet fermier, bio, frais de Super U fait le buzz

La photo du poulet frais fermier bio vendu par Super U à Saint-Martin diffusée sur les réseaux sociaux localement a été reprise au niveau national. Elle fait le buzz dans les médias nationaux. Le produit vendu plus de 51 euros suscite la stupeur.

«Bonjour @ULesCommercants. N'avons-nous pas des filières d'élevage aux #Antilles #Guyane pour importer par avion des poulets facturés 51 euros alors que 20 % des Antillais et 45 % des Guyanais vivent avec moins de 420 euros par mois ?», demande le député guyanais Gabriel Serville qui a posté sur son compte Twitter la photo du fameux poulet.

La réponse est aussi simple que la question est pertinente. En réalité, la question n’est pas celle des filières d’élevage aux Antilles-Guyane mais de la filière élevage à Saint-Martin. Ici, la filière n’est pas organisée et ne permet pas de satisfaire la consommation locale. Contrairement à celle des œufs qui commence à l’être. Les œufs produits par la ferme à Colombier sont vendus de manière régulière à Super U (à un euro de plus que les œufs de l’enseigne).

Pour que des produits frais locaux (viande, fruits et légumes, poissons, yaourts, etc.) puissent être vendus en grande surface, il faut que les producteurs puissent assurer des livraisons régulières en volume pour satisfaire la demande qui, elle, est quotidienne et importante. En métropole, le supermarché qui n’est pas livré par un producteur local, peut toujours compenser en appelant un autre fournisseur. Ici, étant sur une île, ce n’est pas possible. Si le producteur ne peut assurer des livraisons durant quinze jours, les consommateurs n’auront pas ses produits durant ces quinze jours. Ce qui est difficilement concevable au regard des exigences de chacun.

En l’absence d’élevages et de productions locaux suffisamment développés à Saint-Martin, le recours à l’importation est obligatoire si les supermarchés (Super U ou autre) veulent proposer des viandes ou poissons non surgelés.

L’importation de produits frais n’est pas possible de Guadeloupe, Martinique ou de Guyane car il n’existe pas de transport aérien le proposant. Les liaisons aériennes sont opérées par des avions type ATR qui n’ont pas de soutes pouvant conserver des produits frais.

Le tweet du député met en exergue un produit considéré comme un « produit de niche » même s’il ne s’agit que de volaille. Il s’agit d’un poulet, frais, fermier et bio importé en avion de métropole. «Ce type de produit représente moins de 1 % de notre chiffre d’affaires», confie un responsable de l’enseigne localement. Il est donc acheté par une clientèle aisée (qui ne semble pas se plaindre du prix).

Le coût du fret aérien

Par ailleurs, le prix de plus de 51 euros est certes cher mais s’explique par le coût du transport aérien qui est beaucoup plus élevé que le prix du transport maritime. Les produits sont conditionnés dans des caisses isothermes bourrées de pains de glace. Contrairement aux conteneurs frigorifiques placés sur les bateaux, elles ne sont pas branchées pour conserver le froid. Il est donc essentiel de placer de la glace dans les caisses qui voyagent en soute dont la température est négative en vol en raison de l’altitude. Le prix facturé au client par la compagnie aérienne n’est pas le prix net de la marchandise mais celui de la caisse entière (glace + marchandise + emballage) ; le calcul étant fait selon le poids ou le volume de la caisse. D’où des surcoûts certains. Reste ensuite aux consommateurs d’acheter ou non ce type de produits importés par avion.