11.03.2020

Eau : les fuites sont -elles l'unique explication au faible rendement ?

Depuis plusieurs années, il est avéré que le volume d'eau produit est supérieur au volume qui arrive chez les clients en raison des fuites. Mais celles-ci sont-elles l'uniquement explication à ce faible rendement ?

Il est de notoriété publique sur l’île qu’un certain nombre de raccordements sauvages au réseau public ont été réalisés par le passé. Parfois même par des salariés de l’entreprise en charge de la distribution contre pourboires. Certains foyers sont ainsi alimentés en eau de ville sans la payer. D’autres ont trafiqué les compteurs afin de réduire leur consommation.

Par définition, il n’est pas possible d’apprécier le nombre de clients illégaux. Toutefois nous avons essayé de comparer le volume d’eau facturé aux nombre de clients potentiels pour évaluer la différence.

Selon les chiffres officiels publiés dans son rapport annuel, l’Iedom indique que le nombre de clients Saur (ou Générale des Eaux à l’époque) est de 14 391 en 2016, cela représente 1 132 clients de plus qu’en 2011. En 2017, le nombre a baissé ce qui s’explique par la fermeture de nombreux compteurs et départs suite au passage d’Irma.

Globalement, entre 2009 et 2016, le nombre de clients a toujours été supérieur à 13 200, le plus fort nombre a été en 2014 avec 15 476 clients.

En 2016, le volume d’eau consommé est de 1,16 million mètres cubes contre quelque 873 450 mètres cubes en 2011. Rapporté au nombre d’abonnés, cela représente une consommation annuelle moyenne de 81 mètres cubes en 2016, soit 20 m3 par trimestre. Cinq ans plus tôt, la consommation était de 66 mètres cubes par client et par an, soit 16,5 m3 par trimestre. Malgré des prix jugés élevés, force est de constater que la consommation a nettement augmenté par client (+ de 21 %) entre 2011 et 2016.

En 2014, soit l’année qui a enregistré le plus grand nombre de client, le volume consommé était le plus faible sur la période étudiée, avec un volume de 957 400 mètres cubes, soit une consommation annuelle de 62 mètres cubes par client.

Nous avons ensuite cherché à comparer ces données avec le nombre de logements. En toute logique, celui-ci devrait être inférieur au nombre d’abonnés clients puisque parmi les clients sont comptabilisés les particuliers et les professionnels.

Or, toujours selon l’Iedom, Saint-Martin compte 15 611 logements (principaux + secondaires sans les vacants) en 2016, soit 1 220 logements de plus que le nombre de clients Saur.

Si l’on estime à 1 405 le nombre de structures de restauration/hébergement (Iedom), le nombre de clients potentiels (logements + ces structures) serait de 17 016, soit une différence de 2 625 d’avec le nombre d’abonnés Saur. Et c’est sans compter toutes les autres entreprises et établissements (COM, hôpital, Ehpad, écoles, etc.) qui ont accès à l’eau.

Enfin, si on considère une consommation moyenne trimestrielle de 15 m3 par logement, le volume consommé serait de 936 660 m3 par an pour les 15 611 logements répertoriés. Soit seulement 229 000 m3 de moins que le volume officiellement consommé sur un an.

Si l’on fait ce même calcul en ajoutant aux logements, le nombre de restaurants et les établissements d’hébergement et porte à 18 m3 la consommation trimestrielle moyenne, on obtient une consommation hypothétique de 1,22 million de m3 par an, soit 59 501 m3 de plus que le volume officiellement consommé.

Certes, certains particuliers et hôtels disposent de citerne ou de station de production, mais d’autres gros consommateurs ne sont pas pris en compte dans notre calcul (comme indiqué plus haut comme l’hôpital, les écoles, etc.) ainsi qu’un grand nombre d’entreprises.

Ainsi, tout laisse à croire que le besoin en eau est largement supérieur au volume facturé. Reste alors à voir si les entreprises de production d’eau couvrent cette différence.

Estelle Gasnet