Marisol Touraine aux Antilles, une visite à double tranchant

Marisol Touraine est actuellement en Guadeloupe et doit se rendre en Martinique et en Guyane d'ici dimanche dans le cadre de l'épidémie de zika. Si la démarche est certes respectable et témoigne de l'intérêt de l'Etat vis-à-vis de nos territoires, il convient toutefois de s'interroger sur l'impact de sa visite en termes d'image.
Généralement, une ministre ne se déplace jamais sans journalistes, journalistes qui vont sur le terrain interviewer les personnes concernées par la problématique. Ils réalisent également des reportages en amont du déplacement pour justement l'annoncer et surtout présenter ses enjeux. Et les premiers articles sont déjà parus dans la presse nationale, laquelle est lue par des potentiels clients de nos îles. La multitude de reportages sur le zika ne va-t-elle donc pas être plus néfaste que bénéfique ? Les personnes lambda qui vont voir ou lire ces reportages ne vont retenir qu'une chose : il y a le zika et l'Etat essaie de faire quelque chose pour lutter contre. Et elles vont certainement préférer différer leur voyage d'une année.
Solliciter l'Etat et ses hauts représentants en cas de crise est très franco-français. On le voit par exemple à chaque passage de cyclone. Les politiques clament que l'ouragan a fait d'énormes dégâts partout sur le territoire et qu'il est urgent que le l'état de catastrophe naturelle soit déclaré. C'est une question de vie ou de mort économique. Et, en parallèle, on reproche aux médias de diffuser trop d'images montrant les dégâts.
Il en a été de même en 2014 avec le pic de violence en Guadeloupe. Les élus de l'archipel n'ont cessé d'interpeller Paris pour mettre en place des moyens supplémentaires, etc. Et ensuite, ils se sont plaints que les médias nationaux traitaient trop le sujet.
Il en a aussi été de même avec les sargasses. On s'est réjoui de la venue de Ségolène Royal... mais moins des articles montrant les plages sous les algues.
Avec le zika et la venue de la ministre de la Santé aux Antilles en pleine saison touristique, la même histoire est entrain de se répéter...