30 mois de prison ferme pour l'auteur des tirs à Quartier d'Orléans survenus dimanche
«C’est un scandale ce qui s’est passé dimanche le jour de la fête des mères», a commenté le tribunal réuni en collégiale mercredi matin. «Les mots sont durs, admet-il, mais tout le monde doit comprendre ce qui s’est passé».
Dimanche dernier, un jeune de 17,5 ans, JC, a été blessé au bras et à la cuisse par balle par son cousin, MM, qui lui réclamait l’argent qu’il lui devait. «Pour une poignée de dollars, on est dans le far west», a considéré le tribunal. «On est dans le far west», le juge l’a répété à deux reprises.
«J’habite à Quartier, c’est pour ça que j’ai une arme», a précisé PL, troisième individu impliqué dans cette affaire qui aurait pu être celle d’un homicide volontaire et jugée devant la cour d’assises de la Guadeloupe. «Mais l’élément intentionnel de l’homicide n’a pas été démontré, les faits ont donc été correctionnalisés et qualifiés de violences avec arme », a expliqué le parquet. D’où la convocation de MM et PL, âgés de 34 et 33 ans, en comparution immédiate à Saint-Martin.
Dimanche 7 juin en fin de matinée, JC est dans la voiture de son oncle stationnée dans une rue de Quartier d’Orléans, lorsque MM l’aperçoit.
JC lui devant 100 dollars, MM décide d’aller les lui demander. Il gare sa voiture au niveau du capot du pick-up de l’oncle pour le bloquer, et PL, un ami de MM, fait de même à l’arrière.
Ce qui se passe ensuite demeure encore flou. «Il a quand même fallu cinq auditions pour que les versions des deux prévenus arrivent à être plus ou moins cohérentes avec celles de la victime et des témoins», soulignent les juges. Ce qui est acté par tous, c’est que MM a demandé à JC de lui rendre les 100 dollars qu’il lui a volés quelques jours plus tôt, JC a refusé ce qui a énervé MM qui a alors ainsi son arme et tiré une première fois sur JC.
A la barre du tribunal, il dit avoir tiré au total cinq fois, aux gendarmes il avait dit quatre fois. L’oncle a rapporté avoir entendu deux fois deux tirs provenant de deux armes différentes. Mais seules deux douilles ont été retrouvées au sol, à l’extérieur du véhicule.
«La première fois que j’ai tiré, c’était juste comme ça», explique MM. Puis voyant que son cousin tentait de prendre la fuite, MM a de nouveau fait usage de son arme. «C’était pour dire… reste là.. reste là… reste là », confie-t-il en mimant, à chaque fois qu’il dit « reste là » le geste de tirer avec sa main. «Quand j’ai pris mon gun, je n’ai pas pensé», admet-il. «Ça s’appelle être dangereux», lui rétorque le magistrat.
A ses côtés dans le box des accusés, PL veut s’expliquer et pleure. «Je suis désolé, je suis désolé madame… J’aurais dû calmer MM… J’aurais dû le calmer… J’aurais pu mieux faire», répète plusieurs PL en s’adressant à la mère de JC, présente à l’audience. Il avoue avoir une arme dans sa voiture, mais ne pas la porter sur lui.
MM s’excuse aussi plusieurs fois auprès de la victime et de sa mère qui semble dépasser par les faits. «C’est troublant…», confie-t-elle lorsque le juge l’interroge sur son ressenti.
Son fils qui aura dix-huit ans dans quelques semaines, a des problèmes psychiatriques à cause de la drogue ; il en a trop consommé plus jeune ce qui a endommagé son cerveau. Il a été hospitalisé deux mois. Depuis 2018, il suit des soins et continue de fumer de l’herbe. «Il ne fait rien de bien… Il faut le forcer à dire la vérité», répond-elle au tribunal qui lui demande ce que fait son fils.
Les deux prévenus ont appris à l’audience que JC avait des problèmes de santé et semblaient affectés. «Je travaille et défends ce que j’ai… J’étais vexé qu’il ne veuille pas avouer qu’il m’avait volé mon argent et qu’il ne voulait pas me le rendre… J’ai fait ça car j’étais vexé. Je l’ai fait par le mauvais moyen», déclare MM. «J’aurais dû le raisonner », redit PL. «En effet, personne ne devrait être là [à la barre] aujourd’hui», conçoit le juge.
Le vice-procureur a requis trois ans de prison dont un assorti du sursis et maintien en détention à l’encontre de MM et dix-huit mois de prison dont six assortis du sursis à l’encontre de PL.
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné MM à trente mois de prison. Il a aussi ordonné son maintien en détention, MM a été transféré en prison en Guadeloupe. A l’encontre de PL, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet. Les deux individus ont également été condamnés à une interdiction de détenir une arme pendant quinze ans.
Le tribunal a par ailleurs reçu la constitution de partie de civile de la mère de la victime et a renvoyé sur intérêt civil en novembre.
A l’audience MM et PL étaient soutenus par des proches. PL qui est bagagiste dans un hôtel, a deux enfants avec la sœur de MM dont il est séparé. MM qui jobe, a aussi un enfant qui vit avec la maman en Floride. Tous les deux aident financièrement les mères.